Vraiment moyen film de Xavier Durringer, sur l'accession de Nicolas Sarkozy au poste de Président de la République. L'affiche le montre bien, de toutes façons : on essaie en vain de filmer les arcanes du pouvoir - tentative de fidélité à la réalité qui donne la crédibilité au film -, mais avec une perspective décalée, ironique - tentative de fuite, de distanciation par rapport à la réalité, qui doit sinon créer l'enthousiasme, du moins jouer pour l'adhésion du spectateur. Le hic, c'est que cette double voie à finalité unique (vendre des places, faut pas déconner), au niveau du film, demeure - ou est demeurée, en tous les cas, sur moi - absolument inefficace : balancé entre une caricature en mode Guignols/imitations en tous genres et quelques événements clés de la "conquête" reconstituée, je n'ai jamais été convaincu, et à part quelques sourires provoqués par quelques bonnes répliques, ce fut l'ennui, ferme et assuré...
Le principal problème donc, c'est qu'on ne voit pas l'intérêt d'un tel film : consiste-t-il à faire rire, à inquiéter, à magnifier ou bien à ridiculiser ? Dans tous les cas, on ne sort pas d'une sorte de film-clichés, qui n'apprend rien, à la fois rien de nouveau sur les manigances que coûte une telle élection (et le film reste à mon avis bien en-dessous de la réalité, en donnant l'impression gentillette de simples messes basses et de grincements de dents par derrière...), et rien de nouveau sur le personnage du Nain, qu'on sait quand même pour le moins psychologiquement tendu (restons corrects...). Du coup, sans aucune idée neuve dans le fond, on se penche un peu sur la forme, qui n'est franchement pas emballante non plus : la mise en scène est classique sans être totalement mauvaise, le rythme est là sans jamais s'envoler jusqu'à la palpitation ou à la jouissance, la musique accompagne bien les images et les différents renvois chronologiques, donnant un semblant d'atmosphère. Bon ça se regarde comme une plate reconstitution, bien moins drôle qu'une comédie, bien moins sérieuse qu'un documentaire... De toute façon c'est la maladie moderne : à force de se croire roi dans la fiction, créateur absolu, on ne fait que de la m*** : "inspiré de faits réels mais grande place à la fiction mais souci de fidélité aux faits mais libre interprétation...". C'est chiant, et bête.
La conquête se construit sur un axe principal, qui est la relation Sarko-Cécilia. C'est seulement là où on peut apprendre quelques trucs... ; mais bon au niveau des idées on s'en fout sec, puisque ça reste très "privé" : le film insiste beaucoup plus sur la relation sentimentale de Sarko à Cécilia que sur la relation disons professionnelle - on aurait apprécié qu'il distingue et exhume l'apport réel de celle-ci au niveau de la campagne de celui-là, un peu de travail quoi... Bref, c'est à l'image du film : pas d'idées, mais des images, des clichés en tous genres, à la fois pour faire rire les gauchistes et pour ne pas non plus effrayer la droite. La conquête est un film mou, un film de mous pour spectateurs mous. Et qu'on ne vienne pas me faire remarquer la prestation des acteurs, Podalydès en rajoute des tonnes, Florence Pernel en Cécilia ne casse pas la baraque, Bernard Le Coq en Chirac passe moyen et n'en fait pas assez, Samuel Labarthe en De Villepin un peu meilleur... Il n'y a que Besnehard en Pierre Charron (interprétant ainsi, j'imagine avec plaisir, son concurrent de l'élection réelle) qui mette de la vie dans le jeu des acteurs...
Sans intérêt, fade, chiant : 7/20. Même pas l'occasion d'en mettre plein la tronche à la droite... tout fout le camp...
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