Rappel : Omar Raddad a été reconnu coupable, à titre définitif (voies de recours épuisées) et condamné à 18 années de prison. A la suite d'un concert médiatique bien orchestré, à la tête duquel se sont surtout illustrés Jacques Vergès, avocat agité et très à gauche et Jean-Marie Rouart, journaliste et écrivain plutôt vraiment à droite, le jardinier marocain a bénéficié d'une mesure de grâce présidentielle partielle exceptionnelle (Chirac ayant d'ailleurs cédé à la pression d'Hassan II) : en d'autres termes, il est toujours coupable de l'homicide de sa patronne, la riche Ghislaine Marchal (et la voie de la réhabilitation, à ce jour, a été tentée en vain par ses défenseurs).
Roschdy Zem, pour sa deuxième réalisation, s'empare, non pas tant de l'histoire (sur ce point, cela ne vaut pas, loin s'en faut, un "Faites entrer l'accusé" lambda), mais du personnage "Omar" dont il présente un portrait uniquement à décharge, enfonçant le clou de l'argumentaire Vergès (pauvre hère, totalement analphabète et n'ayant que trois mots de français à sa disposition, la tête de l'emploi - maghrébin - sans défense, etc. - bref une victime expiatoire de l'obscurantisme raciste des enquêteurs et autre magistrat instructeur, une sorte de Dreyfus des années 90). On n'apprend donc absolument RIEN (s'il n'est pas l'assassin, qui est-ce donc ?) et on est simplement prié de s'indigner sur le sort misérable et inique réservé au pauvre Omar - au fait, quid de la victime, la vraie, Mme Marchal ? Le bourrage de crânes étant ce qu'il est (amplifié ici par la critique boboïsante) nul doute qu'un public peu averti du dossier n'emboîte avec un enthousiasme naïf le pas de Zem qui défend avec (sûrement) sincérité son compatriote marocain. "Omar (l') a tuer" pourtant (pour respecter l'orthographe personnelle de Mme Marchal, car il est avéré qu'elle faisait cette - lourde - faute) : c'est un primaire colérique, qui avait besoin tout de suite d'argent pour retourner le perdre dans les machines à sous et qui a frappé sans discernement une patronne bienveillante mais lassée, laquelle a pu l'accuser de la façon que l'on sait. Le reste n'est qu'emballement de l'opinion manipulée par les médias. En termes de réussite cinématographique, seul Sami Bouajila est à distinguer, car sa composition d'Omar est saisissante (Podalydès a beaucoup plus de mal avec son personnage caricatural de pseudo Rouart) : une étoile unique pour lui. Réalisation appliquée sur scénario partisan : 0 étoile pour cela !!!