Drame biographique, coécrit et réalisé par Roschdy Zem, Omar M'a Tuer est un film poignant. L'histoire retrace le destin d'Omar Raddad, un jardinier marocain accusé d'avoir tué en 1991, Ghislaine Marchal, son employeuse dans sa villa à Mougins. Ce scénario reprend donc, pendant un peu moins d'une heure et demie, ces faits aux répercutions nationales puisque des doutes subsistes quand à la culpabilité du prévenu et en font donc un dossier laissant planer l'erreur judiciaire, l'employé s'étant toujours déclaré innocent alors que l'écriture sanglante de la victime le condamnait d'emblé. On assiste alors à sa mise en accusation, son procès, et à sa tentative de réhabilitation après avoir purgé sa peine amoindrie par la grâce du président Chirac. L'ensemble aurait même mérité d'être allongé dans sa durée afin de laisser plus de place à l'enquête ici absente, de rajouter certains éléments manquants et de développer d'avantage la séquence au tribunal. Mais l'intrigue préfère se focaliser sur la quête de la vérité d'un écrivain appuyé par une assistante qui vont mener des recherches de leur côté. Car il est vrai qu'à l'époque le travail des policiers a été bâclé et qu'aucune autre piste n'a été étudiée afin de désigner un autre coupable. Tout cela donne lieu à des scènes touchantes, notamment les moments avec la famille d'Omar. Lui est parfaitement incarné par Sami Bouajila qui livre une performance tout en retenue mais d'une belle justesse pour jouer cet homme sincère, effacé, dans l'incompréhension face à la situation qui le dépasse totalement. Il est entouré par une famille aimante le soutenant. Des rôles assurés par Nozha Khouadra, qui joue sa femme, et Benaïssa Ahouari, qui joue son père. Denis Podalydès et Salomé Stévenin interprètent eux les rôles de contre enquêteurs et Maurice Bénichou celui de l'avocat Jacques Vergès le défendant. Les rôles plus secondaires ne sont pas en reste et tout les comédiens jouent juste. Tous ces individus entretiennent des relations provocants beaucoup d'émotions, entre sentiment d'injustice, de colère et de douleur. Des échanges soutenus par des dialogues d'une grande authenticité, déclamés en français et en arabe. Et cette double langue a son importance dans le récit. Sur la forme, la réalisation de Roschdy Zem s'avère assez sommaire. Mais cette mise en scène simpliste a le mérite de s'effacer au service de son propos. Ce visuel quelconque est accompagné par une b.o. très discrète, dont les compositions sont justes là pour appuyer quelques passages. Mais ses notes sont franchement anecdotiques tant elles n'ont aucun impact sur les images et qu'elles ne sont pas nécessaires pour tirer des larmes découlant avant tout de l'histoire. Cette affaire judiciaire s'achève sur une jolie fin, venant mettre un terme à Omar M'a Tuer, qui, en conclusion, est un long-métrage honnête, aussi bien au niveau qualitatif que dans la véracité de son récit.