La musique fait partie de nous. Elle nous accompagne tout au long de notre vie en provoquant des sensations parfois inexplicables. Ce quatrième art est le leitmotiv de Café de Flore, le dernier film de Jean-Marc Vallée. 1960, Jacqueline est maman d'un garçon trisomique qu'elle aime plus que tout. 2011, Antoine vient de se séparer de sa femme alors qu'ils ont deux filles, et commence une nouvelle histoire avec Rose. Peu de dialogues enveloppent cette histoire de destins croisés qui fonctionne essentiellement sur le ressenti. L'image stylisée participe également à la beauté formelle du récit, où le cadrage n'est pas forcément de mise. Cela donne au film un cachet esthétique agréable à contempler. Mais si l'on peu louer la forme de Café de Flore (quoique l'abondance de musiques peut agacer), qu'en est-il réellement du fond ? À travers tous ces personnages, le cinéaste souhaite traiter de l'amour sous ses différentes formes : celui d'une mère vers son enfant, d'un couple nouveau, d'une femme vers son ex mari. Qui dit multiples personnages à différentes périodes dit montage important. Et sur ce point, on peut affirmer que le réalisateur (aussi monteur dans ce film) a réussi son coup. On arrive à jongler avec le scénario dans une parfaite fluidité. Par ailleurs, si le thème de l'amour et des sentiments est plutôt bien manié dans son ensemble, ce n'est pas forcément le cas des vies antérieures. En effet, l'amour de Jacqueline pour son enfant paraît bien plus convainquant que sa réincarnation. En écoutant une chanson de Sigur Rós (groupe islandais au talent indescriptible), Antoine dit : «J'ai l'impression qu'ils l'ont écrite pour moi ». Peut-être que ce film nous procure la même sensation, et c'est pourquoi il divise tant : on s'identifie aux personnages et à leurs histoires, ou on se sent indifférent et distant à toutes cette vague d'émotions.