Lorsque je dis que les seuls réalisateurs qui font des trucs biens aux USA (sauf Fincher) c'est les étrangers ? C'est le seuls qui apportent une touche d'authenticité, y compris dans leurs films indépendants à la con (rien de plus calibré que ça).
Or Gondry c'est un mec que j'adore, je le donne le bon Dieu sans concession. Il m'avait ému déjà cette année avec l'excellent L'écume des jours et là en voyant The We and the I il met les bouchées doubles.
Je reviens sur ce que je disais, on a un film d'une grande authenticité, je veux dire par là que l'on y croit. Comment faire autrement ? Le rythme est soutenu, les dialogues, les personnages, les situations, tout sonne vrai. Et on n'est pas juste dans les clichés avec les caïds et les autres un peu plus réservés, etc. C'est autre chose, de moins manichéen, parce que les caïds ils sont ridicules aussi, on voit qu'il y a aussi une hiérarchie entre eux. Par exemple celui qui a les cheveux longs c'est un peu un paumé, le Big T c'est sa connerie qui le rend con. Et on voit la force du groupe sur eux.
Mais le film s'attarde un instant sur chacun des occupants du bus et c'est ça qui est génial. Je trouve ça génial qu'un film comme ça puisse sortir, un film sans scénario, sans intrigue. On est juste dans le bus pour rentrer chez soi. Ici pas de spectaculaire, rien. Juste du vrai, du quotidien. Et ça c'est du cinéma. Le cinéma qui va capter l'intime. Qui fait ça ? S'intéresser réellement à ses personnages, ne pas les juger, voir des abrutis se comporter comme des abrutis, mais au premier degré. On rit car les blagues méchantes sont drôles, mais jamais on ne se moque. On est touché par cette galerie de personnage.
Et avoir trouvé le concept du dernier bus avant l'été je trouve ça génial. Ces personnages ne se reverrons pas forcément tout de suite, s'ils se revoient. Le tout a un peu une atmosphère de dernière fois.
Et la fin du film qui est à pleurer parce que justement on a eu tout ce qui avait avant. C'est un film d'une belle mélancolie et cette étreinte finale c'est presque aussi beau que du Dumont. J'ai rarement vu au cinéma un si beau dialogue entre deux personnages qui a l'air si vrai, on ne joue pas, on ne triche pas. C'est juste émouvant. Et pourtant c'est presque des banalités, mais pas tout à fait. Parce que ça fait 1h30 qu'on est dans le bus avec eux, qu'on les connaît, on les apprécie et on voit quelque chose dans le regarde de Teresa, quelque chose de beau qui l'anime. Grandiose.
C'est vraiment un putain de film et si on retrouve à plusieurs moment la touche Gondry, il ne perd pas l'authenticité, l'intérêt pour les acteurs, jamais il ne se laisse déborder par sa propre inventivité et ça donne ce film sublime.
Alors oui la dernière partie est bien meilleure que le reste parce que c'est l'accomplissement du film, mais le reste est malgré tout super bon également. Ne jamais perdre le vrai, le juste de vue pendant 1h43 pour nous offrir ce final somptueux, ça c'est magnifique.