cette durée de trajet, sans doute peu réaliste, permet aux relations d' évoluer formidablement au fur et à mesure du trajet, dépeignant les aléas de l’adolescence, riches en histoires et en émotions.
Ici, le dispositif est tellement criant de vérité que j'avoue avoir eu,surtout au début du film, un peu mal au coeur, comme dans un vrai bus (, d'autant plus que les protagonistes jouent avec de la nourriture, le genre de chose que mon estomac tolère mal (qu'est que je vous disais-je?). L’exiguïté du lieu donne au film un sentiment de plongée dans un monde très fermé, dont le spectateur semble être le seul élément extérieur autorisé à y accéder.
N'étant pas, comme bon nombre de mes confréres bloggeurs, un fan du cinéma de Michel Gondry, j'allais voir celui ci sans énormément de conviction et j'ai été totalement bluffé par ce film, qui est à mes yeux, le meilleur de son auteur, car le plus abouti, malgré la relative modestie de l'entreprise. On retrouve cependant le "style Gondry" , notamment dans sa façon d'insérer des scènes suédés ou tournées comme sur YouTube comme illustration des récits des lycéens.
Les jeunes acteurs sont de vrais lycéens et portent leur vrai prénom, et la conductrice de bus est vraiment conductrice de bus, les dialogues sentent tellement le naturel qu’ils ont l’air improvisés; tout ceci renforce l’aspect « docufiction ». Pourtant, tout a été écrit et préparé, Gondry s’inspirant de sa propre expérience et du vécu de ses jeunes interprètes. Et si le résultat donne l'impression d'une grande fluidité malgré l'enchainement des vannes, des déplacements des uns et des autres, on a affaire à un scénario extrêmement rigoureux et précis.
Le film nous démontre très brillamment une évidence dont j'ai souvent été lé témoin : le changement d'attitude de l'individu face au groupe, car à la fin du film, les leaders découvriront à leurs dépens qu’il leur est difficile de sortir du personnage qu’ils se sont forgé au sein de ces groupes.
Le film fait aussi, à sa façon, penser à un "slasher movie"; les personnages « disparaissant » un à un, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus que deux dans les derniers intants. The We and the I impressionne par la justesse de ton de ses acteurs, tous amateurs.
Extrêmement rythmé et énergique, il se passe, durant ce trajet une quantité importante d’évènements en tous genres. Et pratiquement l'ensemble de ces jeunes vont nous paraitre, à la fin du voyage bien plus sympathiques et attachants qu'au départ de l'aventure.
A la fin du film, on se dit qu'on a été ravis de faire cette heure trois quarts en compagnie de ces jeunes gens qui en valaient bien la peine.
http://www.baz-art.org/archives/2012/10/30/25417004.html