En regardant un film sur une épidémie mondiale on était en droit de s'attendre à un truc qui prend aux tripes et ne laisse pas indifférent. Quelque chose qui mette en lumière les bas instincts de l'homme tout en rendant jouissif et rythmé la propagation du virus. Je pensais tomber sur un film où le temps qui passe devient un ennemi, où les personnages finissent par perdre tout espoir, rongés par la maladie et ses conséquences physiques et morales. Bref, tout ce que n'est pas Contagion. À la place d'un sujet qui aurait pu créer un dynamisme destructeur de tous les instants, on se retrouve face à une réalisation plus que fade qui présente les faits sans jamais créer de complicité avec son spectateur. Dès le début on constate cette faiblesse dans le récit. On nous montre la naissance du virus en alternant d'une ville à une autre, avec des gros titres nous indiquant le nombre d'habitants de la ville en question, sorte de géographie pour les nuls. Ok, cool, mais où est le fun dans tout ça ? Généralement quand je pense à une histoire d'épidémie j'essaie d'imaginer les premiers morts, l'incompréhension, le déni, la panique, les mensonges, la manipulation... Tant de thèmes qui sont propices à une telle histoire et qui racontés avec passion pourraient donner une merveille du genre. Soderbergh veut exploiter ces thèmes, c'est certains, mais il le fait avec une paresse et un manque d'initiatives qui font peine à voir. Et la première séquence dont je parle, qui nous plonge dans l'apathie et la fainéantise du film, en est le symbole. L'évolution de l'histoire et des personnages est à l'image de la bande-son: anecdotique; un ensemble de gongs censés représenter la décimation de l'humanité, par échelon, comme ses affreux cartons nous donnant l'impression de lire un bête calendrier. C'est plat, prévisible et bien trop gentillet pour être marquant. Les choix moraux des personnages sont mineurs, et je pensais pourtant qu'avec ce casting conséquent on aurait des positions qui s'opposent, des personnages qui perdent toute conscience morale au profit de la peur; quelque chose qui remue et qui suscite en nous autant la haine que l'émotion. Ici, rien de tout ça, juste un pauvre docteur qui essaie de sauver sa femme, une Marion Cotillard inutile, et un arriviste qui se fait une montagne d'argent en exploitant la crainte du peuple. Pourquoi ne pas avoir rendu ces personnages plus profonds, leurs rôles plus importants, leurs décisions plus contestables ? Bref, pourquoi ne pas les avoir rendus plus humains ? On a aucune personnalité à creuser, aucune décision à contester, du coup on se sent écarter du sujet, simple spectateur passif d'une situation qui exigerait pourtant une activité constante. Signe d'un raté majeur dans le traitement des diverses intrigues, qu'un montage laborieux ne vient pas sauver, loin de là. Tout fait figuration dans ce film, on nous sous-entend les émeutes et la révolte du peuple avec des rues ensevelies sous des déchets et quelques vitrines cassées. Y a aucune flamme dans ce film, et je serais tenté de dire aucune âme par la même occasion. Il n'y a aucune immersion, c'est petit et convenu, un ensemble de faits sans effets, qui finissent par rendre inintéressantes les situations des personnages. Sérieusement, la sublime Kate Winslet a beau crever, on s'en fout complètement. Matt Damon a beau avoir perdue sa femme, on s'en fout aussi. Bon après y a quelques trucs sympa, le rôle de père de Matt Damon est plutôt touchant. Mais bon, y a aussi un tas de séquences ridicules qui viennent plomber davantage cette bonne grosse daube.