À l'époque des blockbusters vides et inintelligents (même s'ils ne le sont tout de même pas tous, n'exagérons pas), voici Winter's Bone, film indépendant, genre qui nous réserve souvent de belles surprises. J'ai entendu parler du film pour la première fois lors de la cérémonie des Oscars et plus particulièrement lors de la remise de l'Oscar de la meilleure actrice. Même si j'étais de ceux qui souhaitaient voir Natalie Portman gagner, l’extrait de la performance de l'actrice qui est montré après le petit speech du remettant ne m’avait pas laissé de marbre. La scène en question montrait une jeune fille, qui selon toute vraisemblance venait de se faire cogner dessus par une bande de gens pas très sympathiques le tout dans un endroit pas très sympathique non plus. Après l'extrait l'actrice en question rit de sa propre performance, mais d'un rire vraiment sincère. C'est ce qui m'a intrigué tout de suite et qui m'a fait dire que j'irais bien voir ce film car, comme je l'ai dit plus haut le cinéma indépendant nous réserve souvent de belles surprises. Viens la sortie du film, les très bonnes critiques presses et évidemment, le film qui ne passe pas dans mon cinéma habituel (un UGC alors que le groupe se targue d'avoir découvert le film et qu'en plus il s'est fait une renommée, un comble). Je le vois finalement deux bons mois plus tard, alors que je l'avais presque oublié, dans un cinéma de quartier. C'est donc avec un enthousiasme certain que je m'y rends. Si le film me plait j'en sors un peu déçu, sans vraiment savoir pourquoi. Je me dis "pas mal, bon moment de cinéma, mais qui ne devrait pas me marquer plus que cela". Deux nouveaux mois s'écoulent, je le revois et ce n'est que lors de cette deuxième vision que toutes les qualités du film me sautent aux yeux. La première et sûrement la principale : Jennifer Lawrence, cette actrice qui riait à l'annonce de son nom aux Oscars. Cette fille-là deviendra à coup sûr incontournable dans les années à venir. Forte et touchante, elle livre une performance éblouissante de maîtrise et donne une véritable leçon de jeu à bien plus d'un acteur dit confirmé. Mais un film ne peut reposer entièrement sur la performance de sa protagoniste principale, il faut pour l'accompagner une histoire forte. Là encore la réussite est totale. Winter's Bone est un drame viscérale, une histoire de survie contre la lâcheté, contre le sort, contre la solitude et l'abandon et surtout contre les autres. Au niveau formel, la réussite est implacable. Une réalisation maîtrisée, une photographie à base de tons froids sublimes et une ambiance de danger permanent qui donne froid dans le dos, tout cela renforcé par le côté inquiétant de la forêt. Je ne révélerai pas l'intrigue mais le dénouement de celle-ci n'aurait pas pu être plus difficile à affronter pour Ree, 17 ans. Bien sûr, il est évident que ce film ne peut plaire à tous mais en ce qui me concerne je trouve que ce film montre une réalité que l'on ne veut pas forcément affronter de peur de se confronter à quelque chose qui pourrait nous dépasser en l’occurrence l’Amérique des oubliés, ceux qui doivent se battent pour survivre dans une adversité féroce et qui ne peuvent compter que sur eux-mêmes. À mon sens, ce film est un chef-d’œuvre, une réussite magistrale portée par une actrice de premier plan, qui depuis a largement confirmé (X-Men, Hunger Games, The Beaver) et sur laquelle il faudra, à l'avenir, grandement compté.