Esthétiquement parlant, cette réalisation française signée Hélène Cattet et Bruno Forzani n'a pas grand chose à se reprocher, d'autant plus que le budget était serré. Sur le papier, « Amer », véritable OVNI cinématographique, paraissait visuellement alléchant et d'une très grande originalité. Oui mais voilà, en prenant un parti-pris trop esthétisant, le duo de réalisateurs livre un film, certes déstabilisant, mais particulièrement creux et difficile à finir. L'objectif de rendre hommage au style giallo sous l'angle de l'érotisme propre au genre finit par centrer l'hommage en question uniquement sur la forme et jamais sur le fond. Divisé en trois actes, représentant les trois âges de la vie d'une jeune fille perturbée (enfance, adolescence, âge adulte), « Amer » est un enchaînement de plans à la première personne, de cadrages serrés, de visions psychédéliques pseudo horrifiques, de jeux de couleurs pas toujours utiles et de scènes érotisantes qui restent somme toute frappées d'une certaine pudeur assez frustrante. Le tout s'articule sur un rythme atone qui nuit grandement à l'attention. Avec très peu de dialogues, un scénario volontairement étouffé, le spectateur lambda, c'est à dire celui ne possédant pas au minimum une maîtrise en art contemporain, peine à être emporté par cette déferlante d'abstrait sans véritable fil conducteur. « Amer » est, au final, original, plutôt audacieux et très respectueux du matériau de base (jusque dans les musiques) mais bougrement exclusif et jamais franchement transgressif. Peut-être que le format court aurait été plus adapté car certaines scènes, potentiellement très intéressantes, s'étalent inutilement en longueur, fatiguent la rétine et rendent ces 1h30 exténuantes. La note est peut-être sévère mais cette expérience ne m'a personnellement guère convaincu.