Après visionnage de ce film, je dois dire que je suis assez énervé par rapport à toutes les critiques que j’ai lues ou entendues considérant "Super" comme un ersatz raté de "Kick-Ass" (voire même de film « opprtuniste »). J’aimerais un monde où les critiques de cinéma soient tous des cinéphiles avertis et non des gros connards qui pondent des articles de merde en regardant juste la bande-annonce d’un film (pour les moins nuls) ou même sans l’avoir vu (la crème des crèmes là). Tout d’abord sachez que l’idée de "Super" a germé dans la tête de James Gunn 3 années avant qu’il ne réalise "Horribilis" en 2005, soit 6 ans avant la sortie du comic Kick-Ass aux USA, ce qui correspond donc à 8 années avant l’adaptation ciné de l’œuvre de Millar !! Alors avant de déblatérer des conneries, regardez des interviews ou, minimum syndical dans notre monde, allez sur Wikipé !! Si la connerie était un sport, la France aurait toute les médailles d’or sans exceptions à tous les J.O….
Aparté terminé, revenons-en à "Super" : nous suivons donc Frank D’Arbo, cuisinier pataud d’un fast-food assez blasé de la vie. Son seul rayon de soleil c’est sa magnifique femme Sarah, qu’il a rencontré lorsque tous les deux étaient dans un très mauvais chapitre de leur vie. Un jour, il découvre que sa promise a de nouveau succombé aux charmes de sa némésis (la drogue) en partant avec un dealer. Désespéré et prêt à en finir avec son existence, Franck est alors touché par une illumination divine et décide de devenir un combattant du mal. Il choisit alors d’être un super-héros, mais il n’y connait rien. Il se rend alors dans une boutique de comics pour en apprendre plus sur le sujet et va faire la connaissance de la vendeuse Boltie. Leur rencontre va faire naître un nouveau justicier : Crimson Bolt, l’homme à la clé à molette.
Et bien pour être franc, "Super" est en fait presque un anti-Kick-Ass, les deux films n’abordant pas le thème de la même façon : ici pas de super-héros décalé aux folles aventures réjouissantes et bourrines, juste un pauvre type paumé qui décide de se battre pour récupérer la seule chose à laquelle il tient. Le fait que Franck décide de faire cela après « une vision divine » (sorte d’épiphanie qui ravira les fans de Lovecraft ou de Urotsukidoji, selon que vous soyez plus littérature fantastique ou plus animation japonaise) fait de lui un illuminé au sens le plus négatif du terme. Franck peut donc nous inspirer de l’antipathie tant il est pathétique, tout comme il peut nous inspirer de la compassion dans le fait que l’on peut tout à fait comprendre son ras-le-bol et sa révolte. Voilà la principale différence (et elle est importante) entre "Kick-Ass" et "Super".
James Gunn réussit tout de même à contrebalancer le côté glauque de son histoire par un humour certes décalé mais très appréciable. Toute la partie « apprentissage » de Franck est parsemé de moments très sympathiques (l’attente de la première nuit, le trip de la barbe à la bibliothèque, se changer dans une voiture aux yeux de tous). Mais ce comique n’a rien à voir avec celui de " Kick-Ass" : c’est toujours avec cynisme, un arrière goût amer comme pour nous rappeler la âpre réalité des faits. Mais ce n’est que pour mieux amener le dernier acte du film : le comique disparaît aussitôt et on se retrouve carrément dans une ambiance de polar noir ou un vigilante movie ("Un Justicier dans la Ville", ça vous parle ?). Puis le film se termine sur un fin inattendue (mais tellement logique vis-à-vis du déroulement de l’histoire) mais positive, un retour à la normale qui nous fait mieux respirer après tous ses évènements, tout comme Franck lors du dernier plan, confiant en l'avenir pour la première fois de sa vie.
Un petit mot sur les acteurs car j’adore les prestations du duo principal : Rainn Wilson, pour la première fois en tête d’affiche (on a plus l’habitude de le voir dans des rôles secondaires comme dans "Galaxy Quest", "La Maison des 1000 morts", "Ma Super Ex" ou "Transformers 2"), campe un incroyable Franck, nous faisant ressentir toute la mélancolie de son personnage. Et puis on a l’opposé direct : la survoltée Boltie, jouée par une Ellen Paige en très grande forme qui adore être la muse de films sortant de l’ordinaire ("Hard Candy", "Juno" et "Bliss"). Il paraît même que la complicité entre les deux acteurs sur le tournage était très forte, cela étant sûrement du en partie au fait qu’ils se soient déjà rencontrés sur un autre tournage, celui de "Juno". Quand aux rôles secondaires, chacun apporte son charisme personnel à son personnage avec justesse, que se soit Liv Tyler en ex-junkie paumé, Kevin Bacon en salopard hautain ou bien Michael Rooker en méchant homme de main.
James Gunn nous livre un peu de fraîcheur dans le monde des super-héros, nous livrant une version plutôt « réaliste » du sujet, nous livrant une joli alternative drôle, punchie et touchante. Grand bravo car oser c’est casse-gueule mais, comme ici, ça fait parfois mouche ! J’attends désormais avec impatience son adaptation « normale » des "Gardiens de la Galaxie" sous la bannière de Marvel.