Jacques Gamblin, soit Arthur Martin, comme les cuisines. Vétérinaire spécialiste dans la nécrologie des oiseaux, jospiniste convaincu, a organisé sa vie en fonction du risque zéro. L’homme colle parfaitement au stéréotype de l’homme coincé, sérieux, banal. Issu d’une famille où les tabous se posent sur tout, il est devenu expert dans l’art de ne parler de rien avec ses parents.
Sarah Forestier, récompensée dans ce film par le césar de la meilleure actrice, joue Bahia Benmahmoud. Elle a le choix entre deux propositions d’avenir : pédophile ou pute, elle choisit la seconde. Mais dans une visée politique, elle calque sur sa vie le slogan « faisons l’amour, pas la guerre », c’est ainsi qu’elle couche avec des fachos (avec sa propre définition du fascisme) afin de les convertier à sa cause : être à gauche.
Et comme dans la plus part des films : leurs vies basculent le jour où ils se rencontrent. Pas du tout calés sur la même longueur d’ondes, ils finissent par s’accommoder l’un de l’autre, avec des scènes désopilantes, plus que charmantes. Scène culte : Sarah Forestier qui se promène entièrement nue dans Paris, le métro, victime de sa précipitation et de sa tête en l’air.
Se rapprochant en quelque sorte des films de Woody Allen, dans ce long métrage, Michel Leclerc nous offre une comédie sur les bases d’une lutte politique hors du commun. Il est le témoignage que notre passé, celui de nos ancêtres, influe sur notre perception des choses et les opinions qui en découlent. Ainsi, scénarisé avec brio, le film nous confronte avec des personnages fictifs faisant partie du passé des protagonistes principaux, la présence de leurs alter ego adolescents, celle des grands parents d’Arthur.
Grâce à des phrases et des tirades chargées d’humour et de bon sens « les bâtards sont l’avenir du monde », un nouveau film s’inscrit à ma liste « à regarder encore et encore ». Ce film, de façon burlesque, milite pour l’ouverture au monde, le devoir de mémoire (mais revisité), le décalage avec nos scènes quotidiennes, mais surtout avec un leitmotiv : Vivre.