Film plutôt original que ce Jackie Brown, adaptation d’un roman d’Elmore Leonard, dans la filmographie de Quentin Tarantino. 3 ans après le cultissime Pulp Fiction, les attentes des spectateurs étaient vraiment fortes, et Tarantino choisi de refaire un film sur fond de film de truands, sans pour autant retomber dans la patte qui lui valu sa notoriété au travers les excellents Reservoir Dogs et Pulp Fiction, malgré la volonté de toujours mettre en exergue une histoire de gangsters où l’on parle beaucoup, où l’on flingue par accident et où les acteurs sont filmés d’un coffre de voiture…Tout reste subjectif, et le réalisateur semble reléguer cette « empreinte » au rang de simples clins d’œil, ou plutôt l’utiliser pour mieux la transformer. Car Tarantino ne paraît pas vouloir faire autre chose que ce qu’il a fait jusqu’à présent, mais cherche apparemment à faire évoluer son style, tout en gardant la même direction iconoclaste. Le film est indéniablement bavard, mais jouissif tant les dialogues sont savoureux. Car le souci premier du réalisateur reste toujours l’écriture du script, sa fluidité, son harmonie entre les scènes et surtout la dramaturgie qui s’en dégage. Les personnages parlent à profusion mais ne cessent de se dévoiler, du caïd parano (samuel L Jackson) à la bimbo capricieuse (Bridget Fonda), donnant même des rôles à contre emploi comme celui de Luis (Robert DeNiro dans un anti-rôle hilarant, celui d’un ex tolard « beauf » silencieux, passant les trois quarts du film affalé sur un canapé). Surtout ils servent une trame propre au polar où le suspense va crescendo, même si la la lenteur du rythme peut sembler déroutante : moins d’action, moins de flingues, moins de personnages, moins d’effets visuels, plus de texte et de psychologie… mais un minimalisme positif, qui permet au réalisateur certaines audaces, comme cette scène reprise trois fois selon trois points de vue différents, contribuant ainsi au ralentissement de l’action, allant même jusqu’à suspendre le temps pour mieux le décomposer. Ainsi, plus qu’un simple polar, Jackie Brown est en fait un hommage à la "blaxploitation" et à son icône légendaire Pam Grier (dont l'héroine du roman de Leonard est blanche initialement). Pas une oeuvre majeur dans le cinéma de Tarantino mais plutôt une de ses oeuvres les plus matures. A voir clairement.