« Jackie Brown » LE film de Tarentino…
Long, tortueux et angoissé…
Sans hémoglobine aussi !
Pas surprenant que les contempteurs, les admirateurs de boucherie taratinesque, gratifient ce vrai grand film de qualificatifs tels que « long », « lent », « bavard », « sans action »…
Il leur manque leur « dosette » de cervelle éclatée, de sang projeté, de mots grossiers, de connotations racistes, de grosses bagnoles…
Bref ce bon film ne se résout pas à une litanie de la violence…
Deux tués pour deux heures et quart de film : « ils » n’ont pas leur cota de maccabs !
Il s’agit ici d’un film à thème : le vieillissement, le machisme ordinaire, la bêtise de ceux qui ne résonnent qu’en nombre de billets de banque au travers des flingues…
C’est cet aspect vaguement sociétal du film qui leur donne des boutons !
Au travers de ce pola...r noir d’une incroyable densité, Tarentino nous montre quel grand cinéaste il est quand il ne se vautre pas dans les canons du cinéma commercial !
Jackie Brown : passionnant et blindé de références à la blaxploitation des années 70 !
Sur une B.O. composée de standards pop et soul de l'époque, QT nous offre un somptueuse galerie de personnages branquignols.
Et d’abord Pam "Foxy Brown" Grier qui campe une femme volontaire, intimidante, maligne… Figure franchement féministe, responsable, assumant sa vie (précarité du travail, plan retraite…) et qui fait face aux gros lourdauds machistes et les mène par le bout du… nez !
Samuel L. Jackson, né pour le théâtre, se voit offrir un rôle de méchant grandiose, cruel, rotor et machiavélique en diable ! Ombre inquiétante au rictus carnassier… Prestation d'anthologie !
Ici, les hommes aussi, une fois n’est pas coutume, se sentent si mal dans leur couenne ! Max le préteur sur caution est las, fatigué de son travail… Luis, interprété par de Niro, est un gangster paumé (magnifique prestation « comique ») et vieillissant…
Tous rêvent d’une seule chose : avoir du fric, laisser tout tomber, foutre le camp…
Constat : ce film « urbain » (nombre de scènes se déroulent dans des centres commerciaux…) traite du désir d’un nouveau départ… Loin, très loin de la ville !
Et pour accompagner musicalement ce « monde » où chacun trompe l’autre, le fait chanter, le vole, ment, Tarentino nous offre les plus suaves chansons d’amour (telle cette salsa qui accompagne la mort de Luis).
Bref un film qui déroutera les fans hardcores du plus geek des cinéastes…
Un film plutôt drôle… Un film réfléchi… Un film ayant du sens…
Un film d’auteur porté par des acteurs impeccables, bavard mais sans longueur…
Pour moi, le film le plus réussi de Tarantino !