Alors voici donc le fameux film par lequel… Demi Moore a défrayé la chronique en se rasant le crâne ! C’est vrai, c’est choquant. Une si belle femme, avec une chevelure aussi superbe… C’est un crime ! Eh oui, cette femme ne recule devant rien pour réussir, que ce soit dans sa vie d’actrice, ou que ce soit à travers ses personnages souvent dotés d’un caractère doué d’une force hors du commun. On a pu le voir à travers la très bonne comédie chargée d’humour tout en finesse "Nous ne sommes pas des anges" (bien que la comédienne y frise quand même la caricature), ou encore à travers "Harcèlement" et dans une mesure un peu plus nuancée "Des hommes d’honneur". Mais j’ai envie de dire qu’elle a repris les ingrédients des deux derniers films cités pour en faire un savant mélange et donner corps au lieutenant Jordan O’Neil. On avait vu à quel point elle savait porter l’uniforme, avec beaucoup d’assurance et une certaine fierté. Mais on avait vu aussi son regard d’acier, ce regard décidé que personne aurait osé bravé excepté Viggo Mortensen dans la peau de l’infâme instructeur. Il est vrai que Demi Moore avait toutes les qualités requises pour incarner la première femme entrée dans la dure et sélective formation des Navy Seals. Bon et alors ? Qu’est-ce que ça donne ? Eh bien pour commencer, je trouve la note donnée par les allocinéens un peu sévère quand même : 2,5 sur 5 au moment précis où j’écris ces lignes. D’abord on remarque dès l’entame une bonne tonicité du récit. Bien que dépourvus d’action au sens strict du terme, le rythme est pêchu et le scénario va droit au but en prenant la direction du féminisme. Pendant le visionnage, je me demandais si cette idéologie était ce qui ressortait le plus de l’avis des internautes cinéphiles. Et en même temps, je ne pouvais m’empêcher que sous ce grand discours féministe, se cachaient bien d’autres choses, pour certaines liées et pour d’autres non. Pour celles qui sont liées, on peut remarquer une dénonciation de préjugés, ce genre de partis pris qui vous poussera par tous les moyens de démontrer par A B que les femmes n’ont pas leur place dans certains corps de métier. Mais en parallèle, on doit prendre en compte la capacité de chacun à se dépasser. Quand on veut, on peut ! Ce qui vient corroborer la citation donnée par le premier maître Urgayle (Viggo Mortensen) dès sa première apparition et qu’on retrouve dans un bouquin en fin de film. Et même si la volonté ne résout pas tout, elle permet souvent de franchir des montagnes. Je trouvais d’un très bon œil ce triple discours. Mais en même temps, je craignais de voir une première vraie mission, afin de montrer au spectateur qu’une telle formation n’était pas futile. Car quoi qu’on en dise, on en vient à se demander si la formation des Navy Seals est aussi ardue, autant parsemée de brimades, aussi dépourvue de limites dans la violence en apparence quelquefois gratuite mais jamais loin de la torture et de l’humiliation ultime. En bref, si ça se passe vraiment comme ça. Qu’importe, on prend notre pied quand l’élève a le dernier mot sur l’instructeur, lequel a clairement dépassé les limites. Une pirouette jouissive qui au moins, a l’avantage de localiser le vrai problème des a priori. Selon moi, il y avait quand même mieux à exploiter que cette première mission qui ne sert qu’à glorifier la réussite à l’examen et bafouer les négociations diplomatiques. J’aurai plutôt vu le récit se poursuivre dans le face à face entre le lieutenant O’Neil et le sénateur DeHaven (Anne Bancroft). Les outils peu recommandables employés par les politiciens sont mis à nus, mais… quid des résultats de cet affrontement ? Par un coup de baguette magique, tout s’arrange ! Pourtant cela aurait permis de déplacer la tension de l’affrontement entre O’Neil et Urgayle à celui entre O’Neil et DeHaven et peut-être de raccourcir un peu par la même occasion la durée du long métrage (sur ce dernier point, ça reste plus qu’hypothétique). C’est dommage, parce qu’en prenant la direction qui a été choisie
sur les côtes de la Lybie
, c’est le féminisme qui ressort davantage, tant et si bien que ça le dessert dans le sens qu’on met plus que jamais la femme au même niveau que l’homme, voire même au-dessus par l’acte héroïque. Les deux sexes à armes égales ? Pas si sûr ! Quoiqu’il en soit, je suis persuadé que ce film aurait gagné en qualité et en force du récit si les malversations politiques avaient été plus développées, d'autant qu'Anne Bancroft montre enfin quelque chose de vraiment intéressant quand son personnage est acculé au pied du mur. Malgré tout, on ne s’ennuie pas vraiment au cours des 125 minutes au cours desquelles on ne remarque même pas la musique.