Après le succès de "Transformers", Hasbro semble décidé à capitaliser son catalogue de jouets et nous propose une adaptation … du jeu de société Touché-Coulé (Battelship en VO) ! Le projet avait fait sourire lors de sa mise en chantier, jusqu’à ce que la bande-annonce vienne dévoiler la supercherie. Car cette prétendue adaptation est, avant tout, un prétexte bidon de producteurs désireux de réemployer les recettes de "Transformers" (machine de guerre venues de l’espace, séquences explosives, émotion à l’américaine…) à la sauce bataille navale. Les adeptes du jeu de société sont donc prévenus : l’ennemi n’est pas une flotte d’un pays étranger mais une horde d’aliens belliqueux, désireux de s’emparer de notre planète. Dans ces conditions, on ne s’étonnera pas que le scénario soit un modèle de caricature ambulant qui ne nous épargne aucun poncifs du genre, du héros immature et démissionnaire qui va se découvrir une âme de meneur au grand frère idéal se sacrifiant pour son pays en passant par le futur beau-père intransigeant, la petite amie de rêve qui n’est pas une cruche puisqu’elle est kiné ou encore les vétérans de guerre encore bons pour le service. On s’amusera, à ce titre, du soi-disant parti-pris du réalisateur Peter Berg de jouer avec ces codes inhérents au genre pour mieux les détourner qui, au mieux, est une tentative ratée d’insuffler une dose de second degré à l’intrigue et, au pire, un grand foutage de gueule. Ce qu’il manque cruellement à "Battleship", c’est une véritable prise de distance avec son improbable pitch, ce qui aurait permis au film de ne pas trop se prendre au sérieux. Malheureusement, et malgré ses "intentions" initiales, Berg se perd dans une intrigue minimaliste qui accumule les clichés et les rebondissements les plus prévisibles, le tout étalé sur plus de deux heures. Quant au casting, il ne marquera pas les esprits, que ce soit le toujours aussi peu charismatique Taylor Kitsch, le trop propret (et rapidement sacrifié) Alexander Skarsgard, la décorative Brooklyn Decker, l’autoritaire Liam Neeson venu cachetonner pour son pote Berg ou encore la chanteuse Rihanna qui, pour son premier rôle au cinéma, campe un militaire garçon manqué assez invraisemblable. Bref, malgré son budget confortable, "Battleship" ne vaut pas mieux qu’une série B de luxe aux effets spéciaux réussis (à défaut d’être révolutionnaires) et aux scènes d’action gentiment spectaculaires (et bien peu originales). Et puis, les nostalgiques apprécieront les clins d’œil réservés au jeu d’origine (avec l’emploi des termes "destroyers" et "cuirassés" ou encore la séquence de tir à l’aveugle où l’on tente de toucher son adversaire à la façon du Touché-Coulé… ce qui est, sans doute, le seul lien direct antre le film et le jeu de société). Un spectacle qui reste donc bien insuffisant, ce qui explique l’échec du film au box-office. Et une confirmation du talent très relatif de Peter Berg comme réalisateur…