Hm.
Comment dire ? Il faut, parfois, réajuster ses appareils de mesure critiques, et des machins comme Deadpool sont fait pour ça. Voilà, j’ai trouvé l’excuse sur laquelle mon plaisir coupable va se brancher. C’est le film que j’ai choisi pour mettre en pause, pour le moment, mon exploration de l’univers Marvel, et ce n’est pas un hasard s’il vient se caler là, après le MCU.
Quand je parle de plaisir coupable, ce n’est pas critique mais éthique : OK, il y a des morts à gogo, c’est parodié et fait pour qu’on en rie, et c’est le but du jeu. C’est l’application d’une mise à jour cinéphilique et c’est très bien comme ça. Le film piétine la mort et on a été prévenu, mais j’ai trouvé plus difficile à accepter qu’il piétine la douleur. C’est la seule chose qu’il n’arrive pas à autoparodier, et peut-être que cela tient à ce que les scénaristes ont tenu à tout caricaturer. Quel dommage d’ailleurs qu’il ne soit resté dans l’esprit de la masse spectatoriale que comme un « ovni trash ». C’est quand même bien plus que ça.
Si l’on a été éduqué à coups de The Player (Robert Altman, 1992) et Full Frontal (Steven Soderbergh, 2002), on saura voir que Deadpool prend ses racines dans le fantasme scénaristique le plus pur, celui qui fait jouer ses références (de Spin Doctors à monsieur Scrooge, de Sinéad à Wham!), casse le quatrième mur (en inception, sinon ce n’est pas drôle !) et se relâche totalement.
C’est comme ça qu’on devrait le présenter, pas comme une merveille du trash. C’est aussi un film qui jongle avec les registres totalement assumément, mais tout est réussi de la romance à l’horreur pour finir sur de l’action après une introduction en tournevis d’une heure. C’est une prouesse d’écriture qui donne son fondement au magnifique générique de début : �Written by: the true heroes here�.
Dans le relâchement, les choses peuvent devenir un peu tendues ; pourquoi Wade Wilson devient Deadpool en esprit, ce n’est pas clair, et l’inflation des personnages n’est pas maîtrisée, surtout quand les X-MEN s’invitent. Ça sent la réécriture. Deadpool est une bombe de texte qui érige un bon méchant sur l’autel de l’anti-tout (anti-héros, anti-préconceptions), mais il est vrai qu’il a des airs de petite boîte dans le grand carton marvelien. Il y a un petit quelque chose qui nous arrête et nous fait dire : ce n’est pas possible, Deadpool a vraiment fait pression sur les studios pour avoir son propre film. Mais ce n’est pas ça qui empêche le fun.
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