Sorti sur grand écran deux ans après le premier opus, le très attendu Deadpool 2, mettant en scène le super antihéros le plus déjanté de l’univers Marvel, honore ses promesses. Le spectateur qui a aimé le premier Deadpool se laisse embarquer, même si, l’effet de surprise passé, la même recette peut parfois un peu lasser…
Comme dans le premier film, tous les ingrédients qui avaient séduit sont au rendez-vous : humour tranchant au troisième degré, gags potaches, combats violents, personnages originaux et attachants, gravitant autour d’un héros peu commun aux propos et à l’attitude sans-filtre jubilatoires ! En effet, Deadpool séduit toujours par sa provocation permanente, et ne se prend jamais au sérieux, ce qui le démarque des autres supers héros, vus et revus au cinéma ces temps-ci.
Il est capable de se préoccuper de l’affutage du couteau à beurre lorsqu’il est attaqué chez lui et sa compagne en danger de mort
: il fait de l’humour noir ou osé en toute situation. Il plaisante de sa propre mort et même le deuil lui va bien, bien que l’on comprenne que sa blessure est plus grave qu’il ne le laisse paraître. L’autodérision de l’acteur Ryan Reynolds est également présente :
il rêve un instant que le voyage temporel eut pu permettre de le faire tuer avant d’accepter le rôle de Green Lantern
(film déjà critiqué dans le premier opus). Donc c’est cocasse, efficace, mais oui, il y a des redites, une sensation de déjà-vu à la fois agréable et un peu frustrante.
Ce qui renouvelle un peu le film et le rend plus intéressant d’une certaine façon, est la dimension plus humaine qui s’en dégage, par rapport au premier film. Deadpool est plutôt un personnage solitaire, malgré ses fréquentations avec son ami barman baron de l’humour noir, son amitié surprenante avec une vieille aveugle cocaïnomane ; il agit plutôt seul et rejette l’aide des X-Men le plus possible, car il n’a rien à voir avec ces mutants-là ! Mais ici, la parodie fonctionne encore, avec
la constitution d’une risible X-Force, véritable équipe de « bras-cassés » : un mutant qui vomit de l’acide sulfurique, un fantôme ou encore un simple « moldu » qui est entré dans l’équipe parce que « ça lui paraissait sympa »… Equipe éliminée dans des scènes gores et jubilatoires en un temps record (dix minutes ?) pour notre plus grand plaisir, là on ne s’y attendait pas !
Le film se consacre alors aux autres personnages un peu plus « consistants » :
la chanceuse Domino, qui a l’intérêt d’être un personnage positif, bienveillant, croyant en sa bonne étoile, mais gardant quand même un humour salvateur en toutes circonstances.
Comme Colossus, elle offre un contrepoids intéressant à Deadpool, car tous deux frôlent rarement la vulgarité. Elle a en revanche plus de légèreté que le géant en métal, et ne se prend pas vraiment au sérieux non plus, puisqu’elle se laisse porter par les événements sans se poser de questions. Elle fait le lien entre les deux équipes X-Men et X-Force et participe à ramener Deadpool sur le droit chemin. D’autres personnages attachants sont à l’œuvre dans le film : les écorchés Big Russel et Cable par exemple, cherchant leur place entre le bien et le mal, le bonheur et la souffrance.
D’autres nous font sourire comme le sage chauffeur de taxi hindou devenu accroc à l’élimination d’autrui, la copine japonaise d’une inconditionnelle bonne humeur…
Et puis le héros évolue aussi, Deadpool a gagné un peu en maturité dans ces nouvelles aventures : bien qu’étant suicidaire multirécidiviste, il s’efforce de se construire une « famille », pense à son prochain en sauvant des ados en perdition, et cet altruisme lui sauve la vie et finalement celle de sa campagne.
Notre « Poo-Pool d’amour » a grandi (et pas seulement des jambes) ; se serait-il assagi pour autant ? Cela peut être la crainte des spectateurs et voilà qui pourrait faire s’essouffler la saga, si cela continuait dans cette voie. Pour l’instant, l’autodérision est là, donc à priori, la mayonnaise devrait continuer à prendre…