Les petites productions aux financements plutôt maigres ont un côté naturellement séduisant que n'ont pas toujours les blockbusters. Oui, car elles doivent faire preuve de beaucoup plus d'imagination, bricoler au mieux avec les moyens du bord, et redoubler de bonnes idées pour se montrer attirantes, face à ces super-productions aux énormes moyens, mais aux contenus pas toujours très savoureux. Un peu comme un jeune homme aux fins de mois difficiles, cherchant à séduire une pétillante demoiselle. Il va lui falloir se battre, user de tout son charme et de toute son intelligence pour se faire remarquer, au détriment de son richissime rival qui n'a qu'à claquer des doigts pour obtenir tout ce qu'il veut, mais qui n'est pas forcément d'aussi bonne compagnie que tous ses artifices lui en donnent l'air. « La disparition d'Alice Creed » ne pas pu s'offrir une publicité tapageuse, ni des acteurs bankables pour se vendre. C'est surement pour cela que le cinéma à petits moyens se creuse les méninges pour accoucher de trouvailles scénaristiques ou techniques, qui par moment, se révèlent ingénieuses et originales. C'est par ce biais que ce sont fait remarqués des films inattendus comme « Blair witch », « L'effet papillon », « Ils », le premier « Saw », ou plus récemment « Buried », et j'en passe... Pour son tout premier film en tant que réalisateur, J. Blakeson a donc du rusé. Utilisant un point de départ très simple (deux types enlèvent une fille de bonne famille pour l'échanger contre une forte somme d'argent), il casse les codes propres aux films de kidnapping et de rançon, et se sert d'un savoir-faire assez évident pour pimenter le tout. Au niveau du script, il ne s'encombre pas avec les longues scènes d'introduction et de présentation habituelles, et nous lance immédiatement dans son histoire, qui offre d'astucieuses petites montées en tension que ne renieront pas les aficionados. Au centre de tout cela, des personnages parfaitement écrits. Niveau mise en scène, Blakeson fait preuve de soin et de fluidité dans ses mouvements de caméras, sachant efficacement installer le suspense avec des choses simples. Selon les préceptes d'un certain Maître de l'angoisse, il filme ses scènes de séquestration comme des scènes de sexe, et imbibe son film d'une ambiance mystérieuse et pleine de sensualité, nous surprenant par ses dribbles scénaristiques. On retiendra les splendides dix premières minutes, mettant en scène la préparation du kidnapping, sans la moindre ligne de texte. Ici, le stratagème est que tout est uniquement centré sur les deux ravisseurs et leur otage. Ce qui se passe en dehors d'eux trois n'intéresse aucunement le jeune cinéaste. On est pris au piège. Comme la belle Gemma Arterton sanglée à son lit. Comme les auteurs du rapt dans l'attente de savoir si leur coup va réussir ou se refermer contre eux.
Mais voilà. Alors que tout va pour le mieux, que l'on est happé par l'intensité omniprésente de l'intrigue, et que l'on est persuadé d'assister à un bon film servi par d'excellents numéros d'acteurs, tout s'écroule comme un vulgaire château de cartes alors que l'on approche du dénouement ! C'est simple, on a l'impression que le film ne se terminera jamais ! Si jusqu'ici il avait juste omis quelques détails sans que cela ne soit réellement rédhibitoire (le plus flagrant étant que les kidnappeurs n'utilisent jamais de gants et laissent leurs empreintes partout !), le scénario, malin et vraiment très crédible, se met à enchaîner sans compter les revirements de situations et autres contrecoups rocambolesques, à un tel point que l'on y croit plus du tout. Tout cela pour nous amener à un final capillotracté qui ne nous épargnera malheureusement pas la conclusion à laquelle tout le monde avait pensé dès le début. Blakeson a voulu peut-être trop en faire, alors qu'il avait si bien réussi avec peu. Et, croyez-moi, après une première heure aussi attractive, c'est forcément frustrant tout ça !
Cela n'enlève néanmoins pas à ce thriller froid et nerveux le fait qu'il mérite tout de même un sérieux coup d'œil, car on ne s'y ennuie pas une seconde. La première partie est réellement à découvrir de par sa très bonne construction et l'atmosphère étrange qu'elle dégage, l'unité de lieu et la proximité installée avec ce casting réduit y étant pour beaucoup. On regrettera que la suite soit brouillonne et beaucoup trop bavarde, mais on y découvre de belles promesses pour l'avenir, tant dans la qualité du trio d'acteurs, que dans celle du scénariste-réalisateur. Et c'est déjà ça.
D'autres critiques sur mon blog ciné http://soldatguignol.blogs.allocine.fr/ avec photos et anecdotes ! Merci !