Bof, bof, bof
Autant se préparer à regarder un film sans prétention, premier long métrage de J Blakeson donc. Petits moyens visiblement car décors minimalistes, tournage au plus simple : pas plus de 2 angles fixes, lumière froide et 3 acteurs au casting, même pas de figurants, enfin pas plus de 1s. 2 acteurs complètement inconnus (dont un qui préfigure un croisement entre Edward Norton et Olivier Besancenot) et une actrice - qui monte - mais qui semble s'essayer sur tout et n'importe quoi, c'est bizarre et ça sent le tournage rapide qui fait un peu de fric en attendant mieux.
Pendant 1/4 d'heure je me suis demandé si tant qu'à faire des économies sur le casting ils n'avaient pas aussi fait des économies sur les dialogues. Le premier 1/4 h est en effet complètement muet, la musique a intérêt à être classe parce que c'est long et je le dis tout de suite, c'est inutile de faire aussi long.
On sent bien le désir de différence : plutôt que de voir le personnage kidnappé ou sa famille - ce qui arrive par convention dans ce genre de films - l'attention porte sur les kidnappeurs en plein préparatifs. Admettons, mais était ce nécessaire de nous les montrer à Leroy Merlin, chez But, au Carrefour du coin...
L'idée est de faire découvrir les choses au spectateur par petites doses. Arrivés au 2/3 du film on connait à peu près tout, ça suffit pour prévoir plusieurs fins possibles avec très forte présomption sur un faux twist final qui n'en sera donc pas un si on a logiquement vu juste, mais c'est tellement gros que ça ne doit pas être l'effet recherché.
Les acteurs n'ont pas grand chose à dire, du moins rien d'une haute portée philosophique, les dialogues sont directs, crachés, ni crus ni formels, c'est juste du fond, sans forme. On comprend bien ce qui arrive, petit à petit ce qui est arrivé et forcément ce qui va arriver.
Gemma Arterton (si c'est elle tout du long car elle peut très bien avoir une ou plusieurs doublures) s'exerce dans un rôle que je pense difficile, où elle n'est pas du tout mise en valeur et même honteusement manipulée telle une forme matérielle tantôt de cupidité, tantôt de convoitise, tantôt de vengeance... Sa prestation est convainquante dans la première partie du film, traduit bien l'humilitation et l'impuissance.
En seconde partie néanmoins, c'est moins bien fait, on sent que l'intrigue se désintéresse du personnage alors qu'il y aurait peut être eu moyen de renforcer l'angoisse uniquement sur la torpeur psychologique de celle ci. Mais le choix s'est porté sur les ravisseurs, sans réelle surprise, les révélations se suivent et se ressemblent sans imagination, juste une tournure particulière des choses. Cette particularité là ne m'a pas vraiment transcendé, ça en devient vite lassant.
Mais le gros problème c'est que pour les besoins scénaristiques les situations sont tout sauf réalistes. On dirait que le protagoniste trouve toujours le truc le plus con à faire sur le moment pour se mettre encore plus dans la merde.
Ils font tous preuve de stupidité choisie, s'orientent vers les subterfuges les plus loufoques pour s'atermoyer, c'est dangereux comme procédé, ça dessert plus l'intrigue que ça ne joue sur la tension car en plus, à changer de personnage à chaque fois les émotions se dispersent et on accroche pas. On a plutôt tendance à se dire que ça tient pas debout à longueur de temps.
C'est dommage car l'ambiance était somme toute bien amenée et avec un scénariste plus imaginatif sans forcément plus de moyens l'histoire aurait pu décoller bien mieux que ça. Ca c'est une farce écrite par Racine, ça colle pas.
Enfin y'a trop de plans inutiles et gonflants, on se rend compte au fur et à mesure de pourquoi ceci, pourquoi cela mais c'est mal présenté, mal décrit. Tout ça pour essayer de mettre de la forme dans le genre de Danny Boyle mais encore une fois en ce qui me concerne c'est un échec.
Je mets 1,5 pour le début, incluant la prestation des acteurs avant que l'intrigue ne se découse totalement et la petite originalité qui aurait pu donner un bon thriller si Ron Howard par exemple s'y était collé, aidé par des scénaristes qui auraient corrigé le script. Mais à vouloir faire dans l'original quand on ne maîtrise pas toutes les ficelles, on s'égare très vite.