Juste avant de s'attaquer à la télévision et plus précisément à la télé-réalité avec "TV Shows", le réalisateur de "Ring" et de son remake américain, Hideo Nakata, s'est penché sur Internet avec ce film, sorti en 2010. Et autant le dire tout de suite, si le sujet de la télé-réalité était plutôt bien maitrisé, ici, le réalisateur passe clairement pour ce qu'on appellerai aujourd'hui un boomer. Il est ici question d'un jeune homme mal dans sa peau, William, qui créer un salon de chat (eh oui, dans les années 2000, c'était à la mode) qui est rejoint par quatre autres adolescents également mal dans leur peau. Si ce salon est au départ un refuge, il en devient très vite nocif pour nos protagonistes, notamment à cause de William leur donnant de très mauvais conseils. Bon, j'ai néanmoins beaucoup apprécié la première partie du film et cette idée de recréer ce monde virtuel cinématographiquement, c'est-à-dire avec des gens qui se rejoignent physiquement littéralement dans un petit salon. Sauf que bon, cinq ados qui parlent, quatre chaises et une pièce vide, ça lasse un peu vite. C'est alors que le scénario décolle vers quelque-chose qui pourrait s'apparenter à du thriller mais avec un discours tout de même très arriéré. En effet, nous avons tous les profils psychologiquement instables qui, dans l'inconscient collectif de l'époque, seraient les seuls à "surfer sur la toile" et à y regarder des vidéos morbides. Alors oui ça existe hein, je ne le nie pas mais là, c'est vraiment exagéré et notamment Jim qui est l'archétype même de l'emo suicidaire sous antidépresseurs. Alors ça va bien cinq minutes mais sur une heure et demie, c'est un peu long et laborieux, surtout que le réalisateur ne parvient pas vraiment à leur créer une vie en dehors de leur chatroom. Alors si, nous avons tout de même des scènes se déroulant dans le monde réel (souligné d'ailleurs par un étalonnage super lourd avec des couleurs colorées pour les chatrooms et des couleurs ternes et froides pour la réalité, indiquant bien-sûr que les adolescents s'y sentent plus mal) mais soit, on les voit juste devant leurs ordis ou téléphones, n'affichant aucune émotion, ou alors en conflit avec leur parent vraiment à base de "mais tu peux pas comprendre, j'ai des problèmes d'adolescent moi !" lorsque ça ne tombe pas dans l'extrême avec des adolescents voulant se scarifier par exemple. Même les pires teen movies des années 2000 affichaient une représentation bien plus construite et complexe des adolescents. Pis bon, on a la fin qui fait un peu ce qu'elle veut et qui part trop loin pour en être crédible, en plus d'être finalement assez mièvre. Voilà bon, malgré quelques bonnes idées (comme les couloirs avec la représentation des diverses chatroom et de leurs dérives) et le jeu d'acteur qui reste très bon, "Chatroom" est donc un film qui a très mal vieilli dans son discours en plus d'avoir un rythme qui s'essouffle assez vite.