Un grand film, mais dont l'accès se mérite. En effet, le début (des propos de tous les jours entre une mère âgée et sa fille - à la voix criarde, très désagréable - sur fond de leçon de cuisine traditionnelle, et qui s'éternisent) est plutôt ennuyeux (honnêtement, moi qui ne le fais jamais, j'ai même hésité à partir). Peu à peu cependant, les personnages et l'histoire s'installent, à un rythme lent mais irrésistible, et le charme opère. Sur des images simples et magnifiques à la fois, avec la précision et la délicatesse d'un estampiste, Kore-Eda Hirokazu nous raconte une histoire universelle, où l'on retrouve d'ailleurs sans peine la "règle des 3 unités" de nos tragédies classiques, malgré les éléments dépaysants. L'unité de lieu est assurée par la maison familiale de Yokohama, là où l'intérêt dramatique est tout entier concentré sur les conflits, petits et grands, d'une famille ordinaire, pour une fois au complet, qui célèbre le jour anniversaire de la noyade héroïque du fils aîné, 10 ans plus tôt. Oeuvre d'une grande perfection formelle donc (Occidentaux, venez prendre des leçons) et d'une grande - et intemporelle - profondeur (pas de discours creux, de mignardises, de surcharges en tout genre : sobriété et épure pour un grand choc des sentiments ), ce film, à découvrir, faut-il le préciser, seulement en V.O, est passionnant et bouleversant, comme la vie-même.