Si dans "Raiponce" l'histoire reste très proche des lignes pures du conte de fées traditionnel (princesse, sorcière, "Ils se marièrent et vécurent heureux..."), ce 50e Classique Disney sorti en 2010 confirme le tournant XXIe siècle des Studios de Mickey. Demain ne peut pas être un autre hier : l'emploi des images de synthèse et de la 3D pourront faire regretter aux nostalgiques des premières productions toute la palette merveilleusement expressive de l'époque crayon/papier, mais force est de reconnaître que ces nouvelles technologies aspirent le spectateur dans la profondeur de décors magnifiques au relief magique. Le ton, aussi, est plus moderne. Finis les Disney aux personnages féminins stéréotypés, ces héroïnes "sois-belle-et-tais-toi" qui subissaient sans prendre leur destin en main. Depuis Mulan, les intrépides demoiselles ne s'en laissent plus conter. Leurs caractères bien trempés leur font vivre des aventures mouvementées et les entraînent dans des poursuites échevelées. Enfin, changement perceptible aussi dans le ton, avec un humour s'exprimant de façon nettement marquée dans le registre de l'autodérision. Côté doublage, Isabelle Adjani prête sa voix à Mère Gothel tandis que Romain Duris prête la sienne à Flynn Ryder. Adaptée d'un conte des frères Grimm, l'histoire est celle d'une princesse tirant ses pouvoirs magiques de son interminable chevelure de 20 m de long. Retenue au sommet d'une tour isolée en pleine forêt par la sorcière Gothel, qu'elle prend pour sa mère (mais qui l'a en fait enlevée le jour de sa naissance au roi et à la reine, ses vrais parents), Raiponce manifeste pour ses 18 ans le désir de se rendre à la fête des Lumières, ces milliers de petits lampions qui, chaque année, le jour de son anniversaire, étoilent le ciel de leur féérie nocturne et la font rêver. Seulement les longs cheveux magiques de Raiponce sont pour la sorcière le gage d'une éternelle jeunesse, pas question donc de la laisser sortir et de prendre le risque qu'elle ne revienne plus. Sur ces entrefaites débarque le jeune Flynn Ryder, un voleur roublard poursuivi par les gardes royaux pour s'être emparé du diadème de la princesse et auquel Pascal, un petit caméléon hyperprotecteur, donnera bien du fil à retordre. Sans oublier Maximus, le fier cheval blanc, sacrément teigneux au début, mais qui s'avèrera d'une loyauté à toute épreuve. Parmi les scènes très réussies, celle, haute en couleur, de la taverne du "Canard boîteux" où Raiponce et Flynn partageront quelques instants de la vie d'une bande de brigands soiffards et rêveurs. C'est gai, enlevé, ponctué de chansons joyeuses ou romantiques (mais dont la quantité, surtout dans la première demi-heure, peut rebuter). Au final, 1 H 40 d'un spectacle familial soigné et très réussi.