Démystification. Scorcese, Coppola et autres De Palma avaient livré leur version idéalisée, presque noble, de la mafia new yorkaise. Carrone effectue ici le chemin inverse: deux jeunes se lancent dans une course fatale pour le pouvoir avec comme idéal Tony Montana. Leur chute n'en sera que plus fatale.
Gommora n'est pas un film choral. Tous les destins qu'il raconte, entrecroise, celui de deux jeunes apprentis mafieux donc, celui d'un atelier clandestin, celui d'un recycleur peu scrupuleux de déchets radioactifs, celui du caissier mafieux, l'embrigadement d'un gosse dans la Comorra, mafia locale... Tout converge vers une même morale: impitoyable, sans espoir et sans gloire, tel est ce monde. Loin de la vision idéalisée et chevaleresque dont Hollywood s'est fait l'apôtre. Tel est le principal enjeu du film.
Car si le tout conserve son lot de scènes marquantes (toujours les deux même loustics testant leurs armes, brillante affiche, l'impressionnant convoi de camions toxique conduits... par des enfants, ou encore l'attaque sournoise des Chinois), le tout manque d'enjeu narratif fort, principal défaut de cette fresque réaliste.