Avis : Gomorra - Page 13

Un film tout proche du documentaire, saisissant et révélateur d'une société qui n'est pas débarrassée de ses démons. Alors oui, c'est long et il faut s'accrocher mais, toute proportion gardée, ça change de Don Corleone. Ici, on a affaire à la vraie mafia, l'Italienne, celle qui s'attaque forcément à plus petit qu'elle. Edifiant !

Ce film a un coté documentaire très efficace, un "strip-tease" très noir, sans aucun espoir visible.

On peut regretter que les institutions(Eglise, pouvoirs publics, patronat..) n'apparaissent pas dans ce film. Peut-être n'apparaissent-ils pas non plus dans le livre éponyme ?

Couronné d'un Grand Prix à Cannes, ce "Gomorra" est une plongée sans concession dans la mafia napolitaine qui étrangle le pays depuis des années. Drogues, armes, immobilier, travails manuels, déchets... les catastrophes, à premières vues, sont graves. Mais si l'on y regarde de plus près, elles sont surtout sans retour, et font de l'Italie un beau pays qui pourtant, ne pourra jamais être propre. Si le message est clair vu le pessimisme qu'affiche Garrone en filmant crûment les diverses populations entraînées dans cette mare de sang où s'y noient les plus innocents, on peut parfois se demander quel est le véritable but du film. Décourager les productions américaines qui mythifient un peu trop le milieu? Voire qui le sublime? Dans ce cas "Gomorra" est certes très efficace tant il tranche dans la chair, tant il développe un langage insultant et rugueux. Le montage y est sûrement pour beaucoup, avec des alternances de personnages en boucle qui offrent à la dramaturgie du film une puissance indéniable, un moteur en constante alimentation. La façon dont Garrone nous tire par les pieds et ne nous lâche plus tient bel et bien du tour de force. Car il est vrai qu'en 20 ans, la Mafia au cinéma a souvent donné l'impression de tourner en rond. Mais "Gomorra", constamment attaché à un réalisme qui le lie directement avec les véritables problèmes de la société contemporaine, offre un interêt sûrement plus élevé, et l'érige au rang d'oeuvre d'art moderne en ce qu'il propose d'actualité, schématisée dans un dispositif formel proche du documentaire. Une éradication de la mise en beauté propre au cinéma d'hier qui en font un film naturaliste, une oeuvre marquante dans sa volonté d'accéder à un langage artistique qui constitue le procédé de demain. Le constat, dans le propos, n'est pourtant pas qu'un simple constat ; au-delà de la véracité, le cinéaste italien offre à sa variété de portraits une vraie leçon de mise en scène. Eclairages intimes et d'une beauté saisissante, développement

L’anti-Parrain absolu. Mais on est loin aussi de « Naples au baiser de feu », on ne vit jamais image aussi moche. Même le ciel est toujours gris, sale, plombé. Pas de palais décrépits, mais des HLM géants au-delà du sordide. La campagne, quelle campagne ? la désolation. Pas d’élégants capos, mais de gros lards en marcel /short de sport. Les payeurs ont des allures de petits fonctionnaires de catégorie C. Les ados n’ont qu’un idéal : des armes, tuer, boum-boum, faire du fric. Des décérébrés totaux. Des abrutis d’anthologie. Les enfants sont recrutés à l’école élémentaire. En choisissant de trahir la bande officielle du quartier pour une autre, ils mettent leur famille en danger. Trafic de drogue, trafics de traitement d’ordures (et de déchet toxiques en particulier), -voilà qui nous renvoie à l’actualité immédiate.
Au cours des dix premières minutes, on ne voit pas grand-chose d’autre que des biffetons –des liasses qui passent de mains anonymes en mains anonymes, que des mains anonymes épèlent…
Le reproche qu’on peut faire au film –et ce n’est pas un si mince reproche- c’est son manque de lisibilité. On se perd entre les différents personnages. Entre les trois différentes intrigues qui s’entrelacent, y a-t-il un lien ? Y a-t-il quelque chose qui les relie ? L’austérité, c’est le choix de Matteo Garrone. Pourtant, le film n’aurait pas forcément perdu à être un poil moins didactique –à s’écarter un rien du fait brut, pour draguer sans doute un public moins serré ? Car c’est un constat impressionnant, qui nous met en face d’une réalité, à deux pas de nos frontières. On ne pourra pas dire : on ne savait pas !

Enorme déception!!! Le sujet est très intéressant ( ça tout le monde est d'accord sur ce point ) mais la réalisation est d'une lenteur, d'une lourdeur inimaginable.
On dirait Pusher ( avec un contexte politique en plus ) fait par un réalisateur au bout du rouleau et sans motivation.
Certes c'est risqué de faire ce genre de film etc. Mais il faut se le dire, le résultat manque de saveur.

Bon c'est vrai qu'au début on est un peu paumé et en plus les noms des villes ne sont pas précisés vu qu'à la base, ce film ne devait pas être exporté ( l'exportation des films italiens est très difficile ). En tout cas le scénario est bien construit et finalement on se retrouve assez vite. Il y a aussi une bonne mise en scène tout comme la bande son et les acteurs sont crédibles.

Beaucoup n'ont pas aimé parce que ce film n'est pas dans la lignée du Parrain, les Affranchis mais ce film est anti-parrain !! C'est vrai, ces gars n'ont pas la classe d'un Al Capone, d'un Don Corleone mais n'oublions pas que ces films sont américains ! Là c'est la réalité, filmé comme un documentaire. L'avantage de ce film sur cette mafia, c'est qu'il réalisé par un italien en Italie ce qui me semble logique !

La violence est maitrisée, les histoires ( filmée comme 3 cours métrages, à regarder le générique de fin d'ailleurs ) sont bien ficelées. Bref un grand prix de Cannes bien mérité malgré quelques petites longueurs et des maladresses !

Oeuvre particulièrement osée et violente sur la Camorra, c'est ce que l'on peut dire dans un premier temps, mais elle reste avant tout remarquablement efficace.
Des meurtres à foison, des mafieux particulièrement sadiques et organisés, mais c'est la réalité qui s'y produit, pas au quotidien non plus et heureusement. C'est sur qu'après ce genre de dénonciations, l'auteur n'a pas du se faire que des amis. Mais le film qui en est dérivé est une merveille et valait le coup d'être adapté, histoire de se faire une idée. Et c'est beaucoup plus représentatif vu de l'intérieur.
Ce film se doit d'être vu par une majorité de personnes parce que ce qu'on pensait être une époque révolue comme celle des yakuzas est finalement toujours omniprésente.

Un bon film qui renouvelle un peu le genre du film de gangster mais qui malheureusement m'a semblé un peu long et quelques fois un peu ennuyant. Cependant le film est très réaliste et presque documentaire se qui est rare dans beaucoup d'autres films de ce genre. Bon film donc.

Les acteurs sont excellents (ou excellement authentiques), les décors (a priori naturels) glaucques à souhait, la qualité d'image originale, etc. Mise en scène nerveuse et très maîtrisée. Aux confins du réalisme social et du traditionnel film noir mais cru. Reste un sentiment de naturalisme didactique qui confine un peu à la démonstration pédagogique.

Après être tombé 3 fois endormi en 1h03 de film, je pense avoir tout dit... Une lenteur sans nom. Si vous cherchez un documentaire montrant la vie d'une couturière, d'une femme au foyer et de son gamin, vous allez dévorer cette bombe.
Si vous esperez un minimum d'action de la part de ce film, allez plutot regarder bambi ( a moins que la 2eme heure du film se mette a bouger, ce n'est de toute facon pas une raison pour endormir son spectateur pendant une heure...)

A cents lieux de tout glamour, une vision de la mafia napolitaine sans aucune fioriture et brute de décoffrage. Le film est certes un tantinet surestimé (apprend-on vraiment quelque chose de nouveau ?) et a ses défauts (beaucoup de longueurs, des tenants et aboutissants pas toujours très clairs) mais l'ensemble vaut le coup d'être vu.

Ce n'est sans doute pas le chef d'oeuvre annoncé, mais on en sort K.O. Berlusconi a du boulot et ce n'est pas en ramassant les poubelles napolitaines qu'il va changer grand chose au problème. Naples et sa région sont un peu le concentré de tout ce que la nature humaine peut faire de plus dégradant, de plus médiocre... et ce film ne cesse de le rappeler: chacun est libre de mener sa vie... sauf avec la Camorra!

Quel coup de poing ! Avec sa mise en scène brutale et sans concession, ce film en forme de docu-fiction nous révèle dans un réalisme saisissant les ravages insoupçonnés de la camorra napolitaine. Tout y passe : trafic de drogue, assassinats, corruption autour des déchets de produits toxiques, embrigadement d’une jeunesse paumée et désœuvrée, et blanchiment d’argent sale à grande échelle. Un regard sombre et inquiétant sur une Italie souterraine bien différent des visions des Scorsese, Di Palma et autre Coppola. Un film exigeant pour le spectateur, mais indispensable à notre prise de conscience d’une triste réalité.

L'un des films les plus violents et marquants que j'ai pu voir sur la Mafia ou plutôt sur la Camorra, sa cousine Italienne. C'est un film à la limite du documentaire, qui n'explique pas mais qui expose à une lumière blanche et crue une réalité sale, noire, poisseuse. Ici pas de violence heroïque, pas de séduction, pas de luxe, pas d'image glamour, pas d'intrigue haletante, pas de code de l'honneur, pas non plus de star. Juste des tranches de vie qui, par touches, font apparaitre un milieu, petit et mesquin, mais aussi dangereusement proche et touchant aux intérêts de la mondialisation.
Sur fond de musique metallique, évoquant pour moi une machine broyeuse d'hommes, j'en suis sortie avec un gout de sang et de sable dans la bouche et la sensation qu'un rideau de plomb était tombé sur une lumineuse journée d'été en Provence.

En tant qu'italien, d'origine napolitaine de surcroit, j'attendais énormément de ce film, adaptation du livre coup de poing de Roberto Saviano. Attention cher spectateur, tout ce que vous verrez à l'écran est vrai (édulcoré même) et ça arrive tous les jours au cœur de l'Europe. Les mafia italiennes contrôlent notre pays à tous les niveaux depuis la fin de la deuxième guerre et aujourd'hui l'éxemplaire le plus violent de ce cancer est la camorra.
depuis que j'habite en France on m'a dit plusieurs fois "wao, c'est cool de venir d'un pays ou il y a la mafia et tout..". Non ce n'est pas cool, la camorra n'a rien de cool ou de romantique (comme pouvaient le véhiculer des films comme le parrain), la mafia est une montagne de merde dirigée par des ogres et des monstres du XXI siècle. Ces monstres sont partout et ne reculent devant rien. C'est ce que Saviano a eu le courage d'écrire, en décrivant le "système" et en y mettant des noms. Il vit désormais sous escorte 24/24 et il sait qu'il est probablement déjà mort. Le film adapte assez bien l'oeuvre de Saviano et n'aurait pas pu aller plus loin (le film ne serait jamais sortit ou Garrone n'y aurait pas survécu). Il nous plonge au coeur de ce "système" pour nous faire découvrir de l'intérieur le cancer qui ronge un pays entier.