Les Grands s'allongent par terre : les secrets du tournage

C'était en 1996 que la toute jeune Victoire Thivisol tenait le haut de l'affiche dans Ponette, le film de Jacques Doillon. Depuis, l'actrice a tenu d'autres rôles important dans Les Enfants du siècle (1999) de Diane Kurys, Le Chocolat (2001) de Lasse Hallström et donc à présent la revoici dans le premier long métrage d' Emmanuel Saget (2008).

Le tournage du film Les grands s'allongent par terre n'a pas été de tout repos. Les difficultés de financements ont transformés l'aspect esthétique du film puisque ce sont eux qui ont poussés le réalisateur a travailler essentiellement en longs plans séquences. Ces derniers furent réalisés avec la technique la plus pauvre puisque cela consistait à associer le panoramique et le zoom à la place des véritable travellings. Le film est constitué de moins de soixante plans ce qui est vraiment très peu ! Il a été tourné en super 16 et l'équipe technique, constituée de seulement huit personnes, n'a eu qu'une vingtaine de jours de tournage.

Jusqu'à 22-23 ans Emmanuel Saget a ressenti l'envie de devenir peintre. Son premier rapport au cinéma s'est fait à l'âge de 20 ans lorsqu'il a troqué un appareil photo contre une caméra super 8. Son principal sujet d'étude était la ville. Il affirme avoir "tout de suite abordé la ville comme l'intérieur d'un corps, un corps malade, asthmatique." Il s'appliquait à filmer les rues, la nuit, les arbres, les feux clignotant,... Il recherchait "un souffle dans la ville..."

Emmanuel Saget a réécrit le scénario de Les grands s'allongent par terre à de nombreuses reprises. La base de son projet est un livre de François Vigouroux qui traite, en fonction du lieu d'habitat, de la psychologie familiale. Ce livre traitait d'un homme qui avait tiré sur une directrice d'agence immobilière qui le harcelait depuis des mois. Cet homme avait prévenu la presse de ce qu'il allait faire et avait attendu la police une fois passé à l'acte. "Dans l'écriture, j'ai investi la folie de cet homme, son problème de territoire, son "coincement", et je lui ai donné une fille qu'il n'aurait jamais vu." Emmanuel Saget avait dans un premier temps centré son histoire autour du père dans un sens assez mélodramatique. C'est une fois que le réalisateur a rencontré Victoire Thivisol qu'il a comprit les possibilités que cette jeune actrice pouvait transmettre à Gena. C'est alors qu'il a entreprit une réécriture complète du scénario se centrant sur son personnage. Pour Emmanuel Saget, "dans les premières versions du scénario, il y avait quatre personnages au départ, très pris dans une obsession liée au territoire, à la possession. Le scénario se recentrait ensuite sur le personnage du père et de la fille." C'est donc cette vision que le réalisateur a conservé pour son film. Saget avait l'envie de dépeindre une évocation de la solitude au sein des zones fades et uniformes des lotissements. Pour lui ce sont des zones "sans filiation, sans parenté, et sans paternité."