Mais quels pauvres petits cinéphiles candides et naïfs nous fûmes de croire aveuglément le perfide Luc Besson, lorsqu'il nous avait fait la promesse de poser la caméra... Ô sournois mensonge("vous êtes un menteur !" dirait avec ferveur notre ex-président) ! Bref, cesson notre lyrique complainte, et voyons plutôt l'étendue des dégats. Adèle Blanc-sec, ça ne vous aura pas échappé, est donc un film français de Luc Besson, sorti en 2010, lauréat du César des meilleurs décors, César que Besson a forcément les moyens de se payer. Il serait cependant facile de classer Adèle Blanc-sec directement dans la case nanar impérissable. Car ce n'est pas le cas, tout simplement.
Adèle Blanc-sec s'articule comme une vaste pitrerie. Tout, du début à la fin, est d'un cynisme, d'une ironie grotesque, comme en témoigne la mort de la soeur de l'héroïne, absolument clownesque, ou plus simplement l'intrigue du film, qui s'étale comme un sac de riz sur le carrelage. Une chasse au ptérodactyle, une momie à Paris, une histoire de résurrection... Le tout assaisonné de répliques pas fraiches de Louise Bourgoin (qui joue vraiment mal), et de gags assez patauds. Par ailleurs, Besson prend de la distance avec son film, et donc sa mise en scène. Beaucoup de distance, tellement que le film entier, déjà plongé dans un ironie constante, semble atrocement superficiel. A l'image de ses acteurs, qu'il faut d'abord arriver à reconnaitre derrière les prothèses faciales et autres maquillages (Mathieu Almaric, méconnaissable) avant d'arriver à en déceler le jeu (qui s'avère finalement grotesque) le film est comme une histoire qu'on verrait de loin, derrière une vitre, avec un commentaire audio dont le cynisme détruirait la moindre petite parcelle d'émotion qui tenterait de pointer le bout de son nez. Ainsi, lors de moments lacrymoniaux, ce n'est qu'un rire jaunâtre qui sort de la gorge du spectateur, alors que l'héroïne se vide de ses larmes. On peut aisément imaginer que c'est volontaire de la part du réalisateur, qui, malgré ses nombreux crash, n'en est pas tout de même à sa première pluie. Ainsi, pour résumer, Besson aurait fabriqué un film, riche en effets spéciaux (bien que ceux ci ne soient pas toujours très beaux), et dont le masque bouffon aurait rédui à néant tout sentiment cinématographique. Un film à qui on aurait supprimé le cinéma, quoi. Bien triste blague que voila.