J’attendais avec impatience le retour au cinéma d’une des idoles de mon enfance, Jean-Paul Belmondo. Et au final, quelle déception ! Sur un plan purement formel, le film prouve une bonne fois pour toutes que Francis Huster n’est pas réalisateur de cinéma. La mise en scène (qui rappelle un Lelouch des mauvais jours) est d’une platitude affolante, l’omniprésente musique vient alourdir une histoire qui sombre déjà assez d’elle-même dans le misérabilisme, les dialogues n’ont aucun intérêt... Quant au scénario, il traite la relation entre le maître et son chien avec une lourdeur effarante et se limite au final à une succession de rencontres impromptues (dans le bus, au Resto du Cœur, à la SPA…) qui font s’enfoncer le pauvre Charles dans la misère et la solitude. Mais le principal problème est l’image donnée du grand Bébel, dont le réalisateur semble oublier la place dans l’imaginaire collectif. Il était évident qu’en montrant ce vieillard au crépuscule de sa vie avec sa démarche hésitante et ses problèmes de diction, le film allait décevoir, voire peiner les fans de l’acteur, la limite entre la fiction et la réalité étant pour le moins obscure. Il aurait été plus judicieux d’adopter un ton beaucoup plus léger ou de truffer le scénario de références au glorieux passé de Belmondo. Et ce n’est pas l’incroyable casting composé d’illustres anciens (François Perrot, Pierre Mondy, Robert Hossein, Charles Gérard, Daniel Prévost, Françoise Fabian…) mais aussi d’acteurs de le nouvelle génération venus rendre hommage au monstre sacré (le "successeur" Jean Dujardin, José Garcia, Antoine Duléry, Michèle Bernier, Barbara Shultz…) qui permet de supporter ce film qui oscille entre le terriblement dépressif et le mortellement ennuyeux. Un ennui qui empêche d’ailleurs toute émotion… Reste la confirmation du talent de la jeune Hafsia Herzi, aussi belle que fragile, et surtout l’espoir qu’après ce retour plus que mitigé, le grand Bébel revienne très vite dans un registre plus familier.