Von Sydow aura décidément eu une carrière des plus variées, continuellement dans la navette entre sa patrie, Hollywood & la France qui lui donnera sa deuxième nationalité. Mais son rôle est petit : il est bien à sa place dans le rôle du vieil ami de Jean-Paul Belmondo, autre vétéran que le rôle de l’homme au chien tire d’une retraite entamée déjà en 2000 après Les Acteurs de Blier.
C’est donc un film de vieux, & quels vieux : avant de se rendre compte de la présence de Dolores Chaplin, on était déjà ramené au bon souvenir de l’hommage autobiographique déchirant de son grand-père, Les Feux de la Rampe. C’est avec une classe largement inférieure mais non moins de simplicité que Belmondo marche sans peur vers la tombe que lui promet la caméra.
Évidemment, c’est un autre vieux qui se tient derrière, quoique de loin le cadet des monstres susdits : qui d’autre aurait pu monter une entreprise filmique qui n’a pas de crainte à plonger la vieillesse dans ses maux d’ordinaire tus, presque ses tabous ? Ou alors, cela ne lui était pas naturel & lui a demandé toute sa concentration : voilà peut-être l’explication à ce que les gens soient tous désagréables pareils dans l’histoire, comme radotés, prenant des contrepieds trop faibles pour que les scènes où de grands noms s’entassent dans de tout petits coins de l’écran (Dujardin, Karyo, Garcia, Prévost) soient à la hauteur des retrouvailles historiques qu’elles signifient.
Quant au chien, je questionne jusqu’à son utilité. Le vieux l’aime, oui, ça se sent même si le nom du chien est ”mon chien”. Mais cette affection que le réalisateur tente de remettre en cause en la faisant basculer, quel rôle joue-t-elle ? Elle est strictement portraitiste, reflétée par des plans choisis, & le dressage l’emporte sur la performance d’acteur. Le but était-il de montrer l’ironie de l’abandon d’animal dont on se scandalise avant de s’y trouver obligé ? Ça ne marche pas. D’établir un lien chaotique entre l’homme & l’animal ? On le sent à peine. La pauvre bête devient la projection vivante d’un tas de remords, justifiée à aucun moment & surtout pas par une fin qui refuse de prendre parti.
Un homme et son chien est un film d’adieu, même si les artistes qui en sont responsables ne s’en sont pas servi d’excuse pour sortir de scène trop vite. C’est un film mûr, très mûr, sûrement inaccessible aux jeunes pour une immense part. C’est presque une réunion mélancolique entre vieux copains, de quoi redonner vie à quelques lumineux souvenirs mais aussi à beaucoup d’ennui, tout en entretenant le sentiment d’un grand vide. Cependant, quand on a tant vécu que ces vétérans, comment percevoir autre chose ?
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