Voilà un film excellement tourné, scénarisé et, surtout, joué –il nous importe tellement qu’un film soit bien joué, indépendamment du personnage, du côté de la morale où il est, voire de l’histoire ! Excellement joué y compris par les acteurs secondaires, comme Dean Norris (Under The Dome, Breaking Bad) ou Vincent d'Onofrio (New York Section Criminelle). C’est d’ailleurs amusant de remarquer, parmi ces acteurs secondaires, le patriarche de la famille de policiers new-yorkais de la série télé « Blue Bloods » (Len Cariou) : c’est lui qui donne justement le la du film, un la qui paraît subversif mais qui n’est que pro-arme, bien américain (Cf. le fameux deuxième amendement de la Constitution des États-Unis) ; c’est lui qui est l’étincelle quand il démontre sur le terrain qu’il « vaut se protéger soi-même ». Protéger les gentils, et les siens, c’est en effet le sujet du film. Et c’est aussi notre problème à nous (comment ferions-nous, nous ?). Dès la lecture du synopsis, Death Wish rappelle "Un justicier dans la ville" avec Charles Bronson ; d’ailleurs au Québec, ils ont repris ce titre, et ce n’est pas idiot vu que le titre en anglais ne vaut pas mieux que sa traduction en français (pulsion de mort). Mais peu importe qu’il s’agisse d’un remake –d’ailleurs qui se souvient du film avec Charles Bronson –à revoir peut-être? Il s’agit avant tout de la rage d’être entouré d’abrutis et de criminels, rage bien mise en scène, peu à peu, dès le début, comme si tout y participait (les ombres de Chicago, les phares dans la nuit, la lourdeur des nuages bas). Mais pas de rage chez le héros principal (Bruce Willis), qui ne se voit pas entouré d’abrutis et de criminels (un peu à cause de son métier). Il s’agit ensuite de la force naturelle de l’intelligence sur l’abruti, et l’on est satisfait que ce dernier se fasse avoir en toute beauté. Il s’agit enfin du risque de glissade (vers la vengeance aveugle), traduite par quelques images à ne pas mettre sous tous les yeux.