De l'histoire, je ne conservais en mémoire que le film de Michael Winner sorti en 1974 qui avait eu, à l'époque, malgré sa morale affichée plutôt nauséabonde, un immense succès. Je n'écrirai rien sur l'armada de ceux qui ont suivi tant ils furent dans l'ensemble tous plus médiocres que dignes d'intérêt.
Je m'étais illusionnée sur ce qu'aurait pu donner le résultat du remake car je pensais qu'il aurait été fort intéressant de revoir en 2018 le personnage de Paul Kersey en pleine présidence de Donald Trump.
Je tiens à préciser qu'après avoir vu le film d'Eli Roth, j'ai tenu à revoir celui de Michael Winner, afin d'être plus à même de pouvoir les comparer. J'étais une spectatrice déjà adulte en 1974 mais je ne me souvenais pas du film de la première à la dernière minute.
Aujourd'hui, l'histoire (de base) est reprise presque à l'identique, avec toutefois quelques modifications non négligeables (et je ne fais pas allusion qu'aux scènes "gore" du film d'aujourd'hui, auxquelles de la part du réalisateur il fallait bien s'attendre).
C'est Bruce Willis qui reprend le personnage de Paul Kersey, interprété en 1974 par Charles Bronson.
Paul Kersey n'est plus ni architecte ni un ancien objecteur de conscience mais chirurgien. Il n'a pas de frère non plus. Un homme qui a tout pour être heureux. Une vie sinon idyllique, du moins des plus harmonieuses, tant côté cour que côté jardin. Tout va hélas basculer tragiquement le jour où des voyous vont tuer son épouse chérie et plonger leur enfant unique, leur fifille adorée, jeune étudiante, dans le coma.
(contrairement au film de 1974 où la fille de Paul Kersey, est mariée (gendre plutôt lâche), mais suite à son viol, elle en ressort traumatisée à vie, plongée dans un état catatonique dont le corps médical ne parvient pas à l'extraire, nécessitant son internement définitif, dans le Death Wish de 2018, elle va certes se retrouver dans le coma mais en sortir comme une fleur).
Si Charles Bronson n'était pas, en tant qu'acteur, reconnu comme ayant des talents de comédiens magistraux, il avait tout de même, malgré son rôle assez mutique, quelques expressions que Bruce Willis n'a jamais dans "Death Wish". Il y a des scènes même plutôt émouvantes dans le film de 1974 que je n'ai pas retrouvées du tout dans "Death Wish". Bruce Willis semble n'assurer que le minimum syndical. Autant d'expression qu'un marbre.
De plus, même si le slogan sur l'affiche US du film annonce à elle seule la couleur, à savoir "Jusqu'où irez vous pour protéger votre famille", le film reste neutre et ne se positionne nullement, sur un sujet (l'auto-défense) pourtant très à la mode (très controversé aussi
Le film de 1974 finalement assumait bien davantage sa position de ce côté là. Celui de 2018 n'en affiche absolument aucune.
Bien dommage car à ce niveau là, même si Eli Roth n'est pas Ken Loach, on pouvait espérer, surtout avec un pareil thème, un positionnement plus marqué qu'il y a 44 ans....
Je vais reprendre le ressenti de certaines critiques que je partage : de la relative prudence de 1974 on bascule aujourd'hui carrément vers l'absence.
En effet, il n'y aura aucune prise de position, ni dans un sens ni dans l'autre. On ne fustige pas les armes à feu, on ne parle pas de l'Amérique de Trump. Le plus troublant est que la seule "nouveauté" qu'apporte le film de 2018 vient de la présence d'Internet, des smartphones, des réseaux sociaux and Cie... La vidéo du tueur cagoulé devient virale et le personnage devient rapidement un "super-héros".
Le seul point commun entre les deux films est qu'ils font de leur héros plutôt un modèle du genre (ange gardien au service de la NRA pour l'un et pour l'autre vive la loi du Talion).
Il est à préciser, en effet, que dans le film de 1974, Paul Kersey "liquide" tout ce qui est "voyou" et ne retrouve jamais les coupables de son drame. En 2018, Paul Kersey, lui, cherche à en tuer les responsables.
L'ironie de la situation, ont écrit certains, est qu'il s'agit de l'adaptation du roman de Brian Garfield sorti en 1972, qui, lui, condamnait ouvertement l'auto-défense.
Toujours est-il qu'avec ce film supposé d'action, comme d'autres, je me suis presque ennuyée moi aussi.. Un comble pour un film de ce type.
Paul Kersey dit à un moment donné qu'il a l'impression d'être au purgatoire. Je n'ose pas dire que j'ai été quant à moi carrément en enfer pendant 1 heure et 48 minutes mais c'est un film plus que dispensable que je ne reverrai pas.