Tim Burton est un génie. Il va falloir du temps avant que Dark Shadows soit considéré comme une pièce essentielle de sa filmographie, comptant parmi ses meilleurs film. Même moi j'ai du mal, sans des années de recul, à oser jusqu'à l'orner du titre de chef d’œuvre. Car pourquoi Burton est-il si génial ? Parce qu'il crée du neuf. Il vit avec son temps, contrairement aux préjugés qui veulent croire qu'il s'accroche à l'époque de Murnau, et montre avec Dark Shadows qu'il sait garder la magie traditionnelle du cinéma fantastique intacte tout en la moulant sous différentes formes, inventant des combinaisons jamais vue et qui se révèlent géniales. Donc qu'on n'aille pas voir Dark Shadows en pensant trouver un pseudo Dracula à la Browning juste assez modernisé pour passer ou un dérivé de Twilight. Gothique et rock s'aiment, comique et tragique se départagent équitablement le film sans s'entraver, horreur et aspect conte pour enfant réussissent à être présent tout deux à la fois. Mais avant toute chose parlons du casting de rêve qui réunit sous la bannière de Burton son acteur fétiche, Johnny Depp, sa femme Helena Bonham Carter, et une bonne poignée de stars déjà employées auparavant (Michelle Pfeiffer) ou nouveaux (Bella Heathcotte, non seulement très belle, et se révèle très talentueuse ; Chloe Garcia Moretz donne une prestation très convaincante qui lui permet d'exister malgré une présence dans le film peu importante ; Eva Green joue le rôle de la méchante à la perfection ; Gulliver McGrath se débrouille bien pour son âge, il est très touchant ; et enfin les autres sont tous très bien aussi, jusqu’au commissaire de police qui n'a que trois minutes de jeu). Burton, habituellement doué pour repérer les futurs grands acteurs (dire cela relève du doux euphémisme : en guise de rappel : Johnny Depp n'était qu'un acteur TV éphémère avant Edward aux mains d'argent), avait failli pour Alice avec Mia Waiskwoska, se rattrape ici largement en nous envoyant une sacré dose de sang frais excellent ! On constate donc ainsi que les personnages sont nombreux, et que tous ont une personnalité bien marquée. Ils évoluent dans des décors vraiment remarquables transcendés par une photographie magnifique qui hisse sans problème Dark Shadows à la hauteur de Sweeney Todd en terme visuel. Les effets spéciaux sont tous très corrects de toute façon, et surtout utilisés à bon escient : lors du final Burton privilégie la montée dramatique au côté impressionnant. Final d'ailleurs en tout point magistral car il n'en finit pas tout en nous clouant à notre siège jusqu'à la fin terriblement émouvante, qui m'a même...heu disons « humidifié les yeux ». De plus, on a droit à toutes sortes de friandises pour les férus de films d'épouvantes cultes. Mais je ne cesserai de répéter que dans l'ensemble, Dark Shadows marie l'actuel et l'ancien dans toute leur magnificence et déploie un large éventail de thèmes qui concernent différentes époques : les hippies des années 70, les relation nobles-pauvres au seizième siècle, Alice Cooper...Ce qui témoigne de sa richesse énorme établie à tout les niveaux. Danny Elfman côtoie du rock. Son thème musical n'est pas extraordinaire, mais au moins il est de bonne facture de manière uniforme (le contraire d'Alice avec son envolée féerique du thème principal contrastant avec le reste de la BO sans intérêt). Qu'en conclure ? Que Burton n'a pas finit de nous étonner et qu'en innovant par l'alliage de substances cinématographiques a prioiri non missilbes à chacun de ses nouveaux films, il finira par édifier un chef d’œuvre qui balaiera tout sur son passage.