Megalopolis ou le rêve brisé de Coppola
Francis Ford Coppola, le parrain du cinéma, a voulu nous bâtir une cathédrale futuriste, mais il nous a pondu une cabane en carton-pâte. Megalopolis, c’est un peu comme si on confiait les clés de Blade Runner à un stagiaire de 70 piges en école d’art déco : visuellement, ça pique, et intellectuellement, ça coince. Les effets spéciaux ? Ringards à faire pleurer un développeur de jeu PS2.
Les répliques sont tellement pompeuses que Cicéron lui-même aurait demandé un mute button. Entre le maire conservateur qui débite ses tirades comme un méchant de Star Wars et un Adam Driver qui semble coincé entre Kylo Ren et un prof de philo sous LSD, on frôle la parodie. Sauf que le film, lui, se prend au sérieux.
Coppola a visiblement décidé de tout foutre dans le mixeur : utopie futuriste, tragédie romaine, critique sociale et romance à l’eau de rose. Résultat : une bouillie narrative où on ne sait plus si on regarde une révolution ou un épisode raté de Black Mirror. Et cette Julia Cicero, l’incarnation de la jet-set engagée ? Aussi crédible qu’un discours écolo par Jeff Bezos.
Sur le papier, les idées de Coppola claquent. Dans les faits, elles s’écrasent lamentablement sous une esthétique kitsch qui ferait passer Jupiter Ascending pour une œuvre sobre. Les néons clignotants, les décors en toc et les filtres Instagram ne servent qu’à noyer le message sous une couche d’artificialité grotesque.
En tentant de construire sa cité idéale, Coppola a oublié que la substance passe avant l’apparence. Les ambitions sont grandes, mais la réalisation ressemble à une fête foraine où chaque attraction tombe en panne. Dommage, car avec un tel casting et de telles thématiques, il y avait de quoi bâtir un chef-d’œuvre.
Megalopolis, c’est le Titanic du cinéma d’auteur : des moyens colossaux pour un naufrage spectaculaire. Coppola voulait une révolution, il nous offre une leçon de modestie. À regarder uniquement si vous êtes nostalgique des grandes heures du réalisateur, ou si vous aimez voir des projets ambitieux se casser les dents.
Plus de critiques sur https://www.instagram.com/oni_s_reviews/?hl=fr