Megalopolis s’affirme en opéra visuel exubérant, une œuvre où la démesure et la mégalomanie règnent en maître. À travers ce film, Coppola libère un foisonnement baroque de kitsch romano-futuriste, où les styles se mêlent : romance shakespearienne, imagerie mélièsque, péplum lifté et pensum politique. Il y construit un rêve, hors des contraintes, un espace où l’image devient reine, éclatante de mille trouvailles visuelles.
Dans ce film, l'absence de clarté narrative, autant sur les personnages que sur leurs intentions, transforme le film en un collage expérimental, multipliant, en un dédale, les symboles et les contrastes. Ici, les personnages évoluent comme des esquisses mouvantes. Le manque d’ancrage des personnages féminins renforce encore ce sentiment d’abstraction, les réduisant à des fonctions archétypales.
Il en va de penser que Coppola privilégie l'expérience visuelle et sensorielle à une trame narrative claire. On passe ainsi d’une scène à l’autre comme on naviguerait dans une galerie de tableaux mouvants, intégrant des décors numériques, des filtres dorés et des lumières tamisées qui confèrent à l’ensemble une esthétique marquée, entre le grandiose et le bricolé. Cependant, cette répétion d'utilisation résulte, sans nul doute, de quelques paresses.
Ainsi, Megalopolis est une œuvre qui refuse le compromis et exulte son opulence visuelle. Son maximalisme déborde de toutes parts, créant une expérience à la fois sublime et troublante, une aventure sensorielle où chaque image, même au-delà de la cohérence, aspire à capturer l’essence d’un art en perpétuelle redéfinition.