Même si le film est librement inspiré du conte, « La petite sirène » (1837) du Danois Hans Christian ANDERSEN (1805-1875), le réalisateur japonais a su, d’abord, le « dépoussiérer » (une sirène de 15 ans tombe amoureuse du prince qu’elle a sauvé lors d’un naufrage) et ensuite, créer un monde bien à lui, d’une grande inventivité graphique et narrative : c’est Sōsuke, 5 ans, qui trouve au bord du rivage, au pied de la falaise où est perchée sa maison (où vit sa mère, Lisa et son père, Kōichi, souvent parti car capitaine d’un navire), un poisson à tête humaine (emporté par un chalut qui raclait le fond de la mer avec d’innombrables détritus, et emprisonné dans un pot de verre) qu’il nomme Ponyo et qu’il décide de protéger. On retrouve la créativité du réalisateur dans la représentation de l’océan, des vagues qui prennent la forme de gros poissons (impressionnants lors du tsunami) et qui aident Fujimoto,
sorcier, ancien humain, aux cheveux longs et roux et père de Ponyo, à retrouver sa fille
. C’est une ode à l’océan (superbes fonds marins au début du film, avec de multiples méduses et des animaux datant du Dévonien [dit âge des poissons, période géologique (-419 à -359 millions d’années) de l’ère primaire ou paléozoïque, précédant le Carbonifère], à l’enfance (avec le bateau-jouet à moteur pop-pop, propulsé grâce à une bougie), à la différence (Sōsuke doit aimer Ponyo telle qu’elle est, et elle, renonçant à ses pouvoirs magiques) et où se côtoient les générations (Lisa travaille dans la maison de retraite « Les tournesols », voisine de l’école de Sôsuke). On sent aussi l’influence européenne appréciée du cinéaste, notamment à travers la musique de Joe HISAISHI (8e collaboration sur 10) qui s’est inspiré, lors du tsunami, de « La chevauchée des Walkyries », prélude de l’acte III de l’opéra « La Walkyrie » (1856) du compositeur allemand Richard Wagner (1813-1883), d’autant que le vrai prénom de Ponyo, est Brunehilde, fille du roi Wotan à qui elle s’oppose en voulant épouser Siegfried (dans l’œuvre de Wagner).