Quatre ans après Le château ambulant, le maître de l’animation Hayao Miyazaki s’attaquait au conte d’Hans Christian Andersen. Afin d’en livrer une nouvelle adaptation, mais réalisée à sa manière. Et quand on connait la filmographie de ce monsieur (Nausicaä, Le château dans le ciel, Mon voisin Totoro, Princesse Mononoké, Le Voyage de Chihiro, Le château ambulant), nous ne pouvons qu’attendre avec impatience de voir ce que donne cette nouvelle Petite Sirène !
À part que les personnages principaux sont des enfants (comme la plupart du temps dans le cinéma de Miyazaki), Ponyo sur la falaise reprend les grandes lignes de La Petite Sirène sans s’en cacher. Pour vous le montrer, le film raconte l’histoire d’une « fille-poisson » au visage humain qui, étant bien trop curieuse, découvre le monde des humains. Et va se prendre d’affection pour un petit garçon, au point qu’elle désire devenir humaine pour vivre à ses côtés. Une simple reprise de l’œuvre de Christensen ? Bien sûr que non ! Miyazaki y instaurant ses thèmes de prédilections, qui font de Ponyo un film d’animation propre au cinéaste japonais. Prouvant ainsi que les talents de scénariste de ce dernier.
Tout d’abord la thématique de l’écologie. Présentant l’œuvre de Christensen comme un nouveau combat entre l’Homme et la Nature (bien qu’ici, il n’est nullement question de bataille à proprement parlé, comme dans Princesse Mononoké). Dans ce film, l’amour entre Ponyo et le petit garçon Sōsuke risque de bouleverser l’équilibre qui permet aux deux camps de vivre en harmonie. Une perturbation que se traduit par la Nature reprenant ses droits sur l’Homme (tempête, inondations, les poissons qui s’approprient chaque parcelle immergée…). Ponyo sur la falaise se présente également comme une occasion pour Miyazaki de mettre en avant des liens familiaux, notamment entre Sōsuke et sa mère. Qui soulignent grandement la peur de l’abandon et de la séparation (Sōsuke pleurant quand le personnage de Fujimoto reprend Ponyo, Sōsuke voulant à tout prix accompagner sa mère de peur de la perdre durant la tempête…). Donnant à ce récit initiatique (car il faut le prendre comme tel) une ampleur un peu plus complexe, plus adulte.
Mais en voyant Ponyo sur la falaise, il faut bien avouer que nous avons affaire à un Miyazaki moins mature que d’habitude. En effet, si des thématiques plutôt adultes sont ici utilisées, elles ne transparaissent pas vraiment à travers l’histoire et les personnages. Laissant du coup le film tel qu’il est, à savoir assez enfantin. Ce qui est plutôt rare chez le réalisateur ! Petite déception donc de ce côté-là, qui explique pourquoi Ponyo sur la falaise n’a pas la note suprême qu’il aurait pu amplement mériter. Surtout avec le travail technique qui a été accompli dessus.
Car si Ponyo sur la falaise se montre bien plus enfantin que mature, il n’en reste pas moins une œuvre attachante au possible. Voire même adorable ! Par le scénario mais aussi par la bande originale signée Joe Hisaishi, compositeur attitré de Miyazaki, qui signe encore une fois une ambiance musicale féerique, instaurant pour ce dessin-animé une atmosphère prenante, à laquelle nous ne pouvons décrocher une seule seconde. Sans compter que les dessins (inspirés d’aquarelles) sont d’une beauté incomparable, mêlant animation traditionnelle (le dessin fait à la main) et moderne (coloriage par ordinateur, ajouts d’effets numériques pour compléter certains dessins). Rien qu’avec cela, il y a de quoi avoir des étoiles plein les yeux et se laisser emporter par le charme que dégage chaque long-métrage de maître Hayao Miyazaki !
Légère déception donc, mais mineure face aux grands atouts que possède Ponyo sur la falaise. Qui mérite sa place dans la filmographie véritablement prestigieuse de Miyazaki. Cet homme qui sait émerveiller par le pouvoir de l’imaginaire. Celui que beaucoup comparent à un Walt Disney japonais. Et franchement, ils ont bien raison !