Quel merveilleux conte que cette neuvième création d'Hayao Miyazaki : Ponyo sur la falaise. C'est l'histoire, au cœur d'une ville portuaire japonaise, d'une princesse poisson nommée "Ponyo", désireuse de quitter son état aquatique pour devenir humaine après sa rencontre avec un jeune garçon, Sosuke. Pour cela, elle devra s'affranchir de la tutelle d'un père misanthrope et apprendre à maîtriser ses puissants pouvoirs hérités de sa mère. Ponyo sur la falaise a donc pour thème le lien maternel puissant ainsi que la peur de l'abandon, mais pas seulement. Malgré que ce film reste un conte à destination d'un jeune public, la mort est une thématique très présente avec, notamment, les brèches sur l'au-delà ouvertes involontairement par Ponyo. Ce n'est d'ailleurs pas très étonnant quand on sait que parmi les influences majeures de Miyazaki pour la réalisation de ce film figure son lien avec la mort. Bien que le souhait initial du réalisateur soit d'adapter le conte d'Andersen, la Petite Sirène, dans le Japon moderne, une question personnelle est également à l'origine du projet : que vais-je donc pouvoir dire à ma mère lorsque je la rejoindrai dans l'autre monde ? En effet, âgé de 67 ans au moment du film, c'est une interrogation que Miyazaki se posait souvent et qui a fait partie des éléments fondateurs de Ponyo sur la falaise. On la retrouve concrètement dans les scènes de fin,
avec la maison de retraite isolée du reste du monde et les retrouvailles de Sosuke avec sa mère.
Parmi les autres thématiques du film, non négligeable également, celle de l'environnement. L'Océan n'est pas seulement le décor, le paysage du film, il en est le protagoniste principal. Souillé par les activités de l'Homme, il sait montrer sa puissance et sa colère en engloutissant la ville portuaire. D'ailleurs, la ville engloutie est un élément récurrent dans l'univers de Miyazaki (le Château de Cagliostro et le court-métrage les Aventures de Petit Panda).
Enfin, la qualité des dessins inspirés par les aquarelles (Miyazaki a préféré rejeter l'utilisation d'images numériques) présente un style graphique à la fois enfantin et poétique mais également réaliste et pur. Sur le plan musical, c'est une nouvelle confirmation de la collaboration étroite entre Miyazaki et le compositeur Joe Hisaishi. La musique de fin, véritable succès populaire interprété par une jeune actrice de 9 ans et son père, fait penser à un dialogue entre Ponyo et son père. A noter également, le clin d'oeil à la Chevauchée des Walkyries de Richard Wagner lors de la scène où Ponyo court sur les vagues, un moment d'anthologie qui doit sa source dans le fait que Miyazaki a beaucoup écouté cette composition durant la réalisation du film.
En conclusion, nous avons là une ode à l'environnement et à l'enfance qui peut être aussi bien regardée par les petits comme par les grands. Une pépite qui ne profite malheureusement pas de la même notoriété que d'autres créations du Studio Ghibli mais qui possède l'avantage de s'inscrire dans la réalité d'un monde placé face aux enjeux climatiques, sans toutefois tomber dans le cliché. Une réponse apportée par Miyazaki à cette problématique cruciale, sans oublier l'importance du lien maternel et de l'innocence attendrissante des enfants.