Décidément, la décennie 90 est vraiment ultra riche, et surtout un sans faute pour Tim Burton.
Avec ce Ed Wood il vient nous livrer un biopic unique et différent, forcément romancé mais très bien tourné, complètement décalé par rapport à ce qu'on nous pond continuellement dans ce genre de film.
Se renouvellant encore et toujours, Tim Burton met de côté son ambiance gothique (sauf dans sa génial intro et son super générique), mais sans abandonner sa ligne conductrice pour autant. Ce qu'il réalise ici est magnifique, cette photo sublime dans ce noir et blanc impeccable, le travail sur les lumières, les ombres, la mise en scène même. Bref esthétiquement c'est parfait.
Le contenu n'est pas en reste. Burton nous plonge la tête la première dans un Hollywood très étrange. On y suit le dénommé Edgar Wood Junior, considéré comme le pire cinéaste de tout les temps. Un Personnage toujours optimiste, presque naïf, très particulier, qui fait tout pour aller aux bouts de ses rêves, jamais à court d'idées.
On y voit les coulisses de l'industrie des productions nanardersque, les courses aux financements, les galères... On ressent vraiment la fascination et l'amour de Burton pour le personnage, l'époque et son cinéma, à savoir les séries Z bricolées. Ed Wood c'est une vraie une ode à la débrouillardise, au bricolage et aux barjots passionnés, pas toujours avec beaucoup de talent. L'apothéose de tout cela étant le tournage du film culte d'Edgar, "Plan 9 from Outer Space", coupé par l'intervention d'Orson Welles, et la terrible projection s'en suivant.
Film tantôt drôle, tantôt émouvant - notamment dans la relation du cinéaste fan et de la star tombé dans l'oublie et a bout de souffle (terrible mort de Lugosi, sa dernière prise) - tantôt romantique quand la belle Patricia Arquette accepte sans broncher la révélation qu'Ed lui confie, Ed Wood m'a véritablement transporté et m'a donné envie de m'intéresser au bonhomme, son entourage et leurs travaux.
Bien aidé aussi par la superbe musique cette fois ci non pas de Danny Elfman, mais de Howard Shore, et par un casting sensationnelle, composé de Patricia Arquette, Martin Landau, Bill Murray ou Jeffrey Jones, c'est bel et bien l'ultra polyvalent Johnny Depp qui reste en tête.
Loin d'être le film le plus connu de son cinéaste, il n'en est pas moins que l'un de ses touts meilleurs. C'est même peut être pour moi l'apogée de l'oeuvre de Burton.