L'histoire d'un couple tordu, qui va faire la connaissance de deux touristes américaines pas très sûres de leurs choix.
Ouf, Woody Allen sourit à nouveau à la vie. Ces précédents films étaient excellents, mais d'une noirceur qui est suffisamment à l'honneur avec les frères Coen ou Dardennes, inutile d'en rajouter, même avec talent.
Ici, il ne manque aucun gimmick des productions du Woody de légende, avec la voix off très présente et totalement désincarnée sinon à contre courant, qui est assez originale pour qu'on excuse le recours à ce procédé pas très élégant.
Tout le monde joue plutôt bien, Javier étant impérial, ni trop macho, ni trop séduisant, toujours serein et naturel, superbe, enfin pas vraiment beau, mais génial.
La grande brune est pas mal non plus, bien que l'on sente une professionnelle en devenir, Scarlett est parfaite, c'est le rôle qui ne lui va pas, bien que la moitié des réalisateurs lui donne ce genre, mais la palme revient à la volcanique Cruz. Ultra naturelle, belle (mais pas magnifique comme vue par Almadovar), élégante, sensuelle, en un mot, désirable, et surtout, elle joue vraiment bien l'autochtone. Il est clair que Woody était vraiment fasciné par Rebecca Hall a qui il a donné le rôle le plus borderline finalement, tandis que les deux vedettes sont plus softs ou moins complexes.
Au rayon désagrément, il faut noter que 30% des plans au moins sont flous, tout simplement, et c'est tellement surprenant que l'on s'en contente, mais uniquement parce qu'il s'agit d'un film de « vieux » réalisateur. Et ce n'était pas le cas pour l'équipe anglaise.
Au Max Linder, la qualité et le volume sonore donne de l'espace à la très belle musique andalouse, tandis que le phrasé des acteurs est si travaillé que le plaisir est intense, en anglais comme en espagnol.
Le scénario est tellement agréable par ces temps de puritanisme malodorant qu'il est inutile de revenir dessus. La part belle est faite aux psychologies sentimentales à fleur de peau. Quand aux contes immoraux, il est bien naturel de la part d'un Woody Allen qui sort avec sa fille adoptive d'enfin faire un film sur la liberté amoureuse loin des conventions normatives de notre société craintive.
Il faut de toute façon prendre ce film comme une féérie, de ce que pourrait être l'amour quand il répond aux pulsions vraiment profondes, et non aux calculs de prudence et de survie. C'est léger, beau, parfois drôle, sans arrières pensées, et très agréable à regarder. Et c'est moins ambitieux que sa dernière trilogie, ce qui est aussi plus reposant.