Maintenant que la fonte des glaces s’est déroulée en partie ("L’âge de glace 2"), nous retrouvons les miettes semées dans l’épisode originel. Souvenez-vous : alors que le trio avait été contraint de prendre un raccourci pour rattraper les hommes, Sid avait découvert, non sans interrogation, un OVNI et un dinosaure figés dans la glace, exposés comme les œuvres le sont dans une galerie. Eh bien voilà, nous y sommes : c’est le temps des dinosaures en plein âge de glace. Mais comment diable les scénaristes ont pu amener ça ? Encore une fois en suivant ce pauvre rongeur à la perpétuelle poursuite de son gland ? C’est vrai qu’après avoir provoqué bien des catastrophes qui ont constitué le point de départ des deux épisodes précédents, on est en droit de s’y attendre. Et le numéro 3 commence comme les autres : avec Scrat, toujours plus présent (pour notre plus grand plaisir), en prise cette fois avec une de ses semblables qui courtise la même chose. Et comme d’habitude, Scrat va subir bien des malheurs, jusqu’à se faire piétiner (encore) par les membres du clan pas ordinaire que la fonte des glaces a agrandi. Nous avions quitté Manny alors qu’il venait de se trouver une compagne. Des mois ont passé, et cette petite famille s’apprête à s’agrandir. Cet événement ne va pas être sans conséquence : le bougon Manny se transforme en mammouth complètement gaga, mais ce sont surtout les habitudes de tout le groupe qui vont être chamboulées. Et c’est bien sûr au bout d’une nouvelle crise de calimérolite aïguë que Sid va provoquer une nouvelle aventure dont toute la horde se serait bien passée. Malgré une plongée de plus en plus profonde vers l’invraisemblance, nous suivons avec grand plaisir nos mammifères préférés pour de nouvelles aventures dans cette saga préhistorique. Un nouveau personnage apparait, celui de Buck, une belette qui fait une entrée aussi fracassante que les deux opossums Eddie et Crash lors de l’aventure précédente. Et au cours de cette nouvelle épopée, cette fois sous glace, de nombreuses références au monde moderne sont faites : Buck téléphone avec une pierre de la même façon que si il avait un portable, et une scène rappelle carrément "Avatar" ! Je ne dis pas que c'est du plagiat, puisque le chef-d'oeuvre de James Cameron est sorti peu quelques temps après. Mais franchement… le pilotage du volatile ne vous rappelle rien ? Mais là n'est pas le plus gênant, car ce ne serait pas la première fois que plusieurs scénaristes aient les mêmes idées en même temps. Ce qui me gêne le plus, c'est que cette séquence-là est bruitée d’abord comme si nous avions affaire à un avion à moteur, puis quand ça tourne à la bataille aérienne, on se croirait presque dans une nouvelle scène de "Star Wars" avec ces tirs de missiles lasers concrétisés par des tirs de baies. Si certains spectateurs crient au génie, moi je crie au scandale du too much. Je veux bien que dans le monde de l’animation, tout est permis, et c’est ce qui fait qu’on pardonne le peu de crédibilité des scénarios, grâce notamment à des personnages irrésistiblement attachants, mais trop c’est trop. Bien que tenté, je ne dirai pas qu’on s’éloigne des bons sentiments portés par L’âge de glace. Car cette troisième aventure, épique, est bâtie une nouvelle fois en toile de fond sur les forces des liens de l’amitié, sur un rythme soutenu, dotée d’humour avec quelques répliques savoureuses, avec en chef d’orchestre un Sid qui a la fâcheuse manie de se mettre dans de sales draps. On doit noter que la leçon a été retenue en ce qui concerne la chanson façon Broadway de trop ("L’âge de glace 2"). Mais le fait que l’improbabilité monte encore d’un cran, de trop cette fois, ne fait pas pour moi le meilleur épisode, le meilleur restant selon moi le premier film. Effet de surprise oblige…