L'histoire d'un homme qui a perdu sa femme. Rien d'original, sauf qu'elle était soldat en Irak, et qu'il faut qu'il annonce la nouvelle à ses deux filles.
Ce film pas très bien filmé, pas très rythmé et loin d'être passionnant a quand même une qualité cachée qui fait oublier tout le reste. Il est émouvant. Pas dans le sens mélodramatique ou fleur bleue pour femmes ménagères. D'une émotion universelle qui est celle de l'être humain face à la vacuité de l'existence, quand il faut continuer à vivre alors que tout un système et une échelle de valeur a contribué à foutre en l'air son bonheur pourtant si simple et inofensif.
Le vrai sujet n'est pas exactement le cheminement de Cusak pour dire la vérité à ses filles, c'est surtout le doute qui va doucement s'installer dans l'esprit de la grande sœur sur les errements de son père et de tout un pays au moment où elle ressent sa propre horloge biologique qui entre en action, dans son corps mais surtout son esprit.
Contrairement aux critiques que j'ai lues, il n'y a aucun patriotisme dans ce film, puisque les deux points de vue sont présentés, et que l'on s'attend à ce que chaque protagoniste fasse ses choix en toute conscience. Ce qui donne ce superbe « si tu ne crois plus, tu est perdue », leitmotiv des républicains, pires intégristes de l'annihilation de la pensée libre au nom de la croyance toujours supérieure. D'autant plus qu'elle est indémontrable.
Les acteurs sont plus que magnifiques, et Cusak a fait un travail formidable pour ressembler à ce point à un plouc qui arrache les larmes. Mais les actrices sont géniales elles aussi. Ce qui est souvent le cas dans ce type de film, « In America » étant le meilleur exemple.
Bref, une production indé typique avec ce petit plus d'originalité, de réalisme réfléchi et de gravité qui fait les grands et beaux films.
Et bien sûr, le titre du film est symptomatique et parfaitement trouvé en anglais, oui, Grace est partie, et la grâce d'un avenir meilleur avec.