Que faire quand on apprend la mort de sa femme, militaire en Irak, et qu'on a deux petites filles de 8 et 12 ans ? Comment leur annoncer la nouvelle ? Comment vivre soi-même ces moments insupportables ? Que se passe-t-il dans sa tête alors qu'on a pensé dès le début que l'intervention en Irak était justifiée, lorsqu'on a été soi-même militaire, qu'on a même triché sur sa vue pour le devenir et qu'on a été renvoyé à la vie civile lorsque la supercherie a été découverte ? Stanley Phillips, joué tout en finesse par John Cusack, commence par choisir la fuite en improvisant un voyage surprise vers un parc d'attraction en Floride. Sur le chemin, le père et ses deux filles rendent visite au frère de Stanley, qui est loin de partager son patriotisme et sa bigoterie.
Nombreux sont les écueils qui guettent un tel sujet : on risque le pathos, la nunucherie, la leçon de morale, qu'elle soit d'un bord ou d'un autre, que sais-je encore. James C. Strouse les évite tous et rend une copie pleine d'émotion mais très pudique, dans laquelle beaucoup de choses sont dites de façon discrète, quasiment murmurée. Un détail par exemple : de Stanley, ancien militaire, politiquement plutôt bushien, on pourrait attendre un comportement discipliné. Et bien non : il ne met jamais sa ceinture de sécurité lorsqu'il roule en voiture. Il arrive même que sa fille aînée, assise à côté de lui à l'avant de la voiture, ne l'attache pas non plus ! Son frère, qu'on pourrait qualifier de rebelle par rapport à l'ordre établi, lui, met sa ceinture ! Je ne pense pas qu'il s'agisse d'une erreur de la part de la script, mais plutôt d'une façon astucieuse de montrer comment les notions de liberté et de responsabilité, comment leur importance relative, peuvent varier d'un individu à l'autre, et pas toujours dans le sens qu'on imaginait a priori. Ce film est une belle surprise !