D'abord, le film est plutôt agréable et même charmant: ses séquences chantées et dansées introduisent de la vivacité et de la causticité. Avec son ironie distante, Chatiliez invoque plaisamment les relations de travail et la mesquinerie des cadres dans une entreprise de cosmétique, avant de rencentrer le sujet sur les préjugés, les réflexes racistes de la nouvelle et ambitieuse directrice du marketing (Valérie Lemercier).
L'objet de cette fable et comédie musicale est de donner la leçon à cette Agathe Cléry, raciste ordinaire, que Chatiliez accable soudainement d'une maladie rare, celle d'avoir la peau qui fonce jusqu'à devenir noire irrémédiablement. Dans la seconde partie du film, après avoir perdu son travail, Agathe, comme il se doit, fait à son tour l'apprentissage de la discrimination.
Le duo Chatiliez-Lemercier, c'est forcément prometteur. Mais la comédie est ratée dans ses grandes largeurs. Très vite, on voit bien que le scénario manque de carburant, c'est-à-dire d'originalité et d'idées, de situations comiques et d'un discours détonnant. A l'évidence, le réalisateur et la comédienne, de peur d'en faire trop, n'en font pas assez. On ne reprochera pas à Chatiliez de confronter son héroine au racisme courant, quotidien, mais de le faire sans la moindre singularité, sans le moindre relief. Agathe noue avec son nouveau patron, noir (Anthony Kavanagh) une relation amoureuse et on se trouve, à ce moment, davantage dans le ridicule que dans la convention détournée ou parodique. Chatiliez enfonce des portes ouvertes.