Sur un sujet sérieux et avec un pitch prometteur pour une comédie, Etienne Chatillez réussit l'exploit de se rater dans le traitement de sa thématique et de se planter sur l'humour. Si le démarrage est une bonne critique acerbe du monde du travail
(avec peu de femmes et un grand cynisme masculin)
, de la société de consommation et du système médical, la suite tombe rapidement dans les clichés les plus grotesques
(seul un noir peut tomber amoureux d'une noire; la flic caricaturale qui arrête Quentin dans sa voiture chère; l'arabe qui tient l'épicerie; les balayeurs de rues et les videurs qui sont tous noirs; Agathe qui prend une coupe afro depuis qu'elle est noire comme si c'était la seule coiffure préconisée pour les noirs)
où tout y passe
(le mari la quitte, elle est insultée dans le bus, virée de son travail et potentiellement expulsée de son logement)
et la société décrite est exagérément raciste et donc irréaliste
(la société sans blanc; peu de couple mixte)
, le scénario forçant trop le trait en utilisant des faits divers rares de manière tellement appuyée et sans subtilité que ça en devient affligeant et surtout jamais drôle, tant les répliques sont fades et sans mordant. L'utilisation des passages musicaux (censés être la caution humoristique du film) est une catastrophe, bon je n'aime pas spécialement les comédies musicales mais j'aurais accepté ce procédé 1 ou 2 fois, pas toutes les 5 minutes comme ici, d'autant plus que les paroles sont faciles et faibles, les chorégraphies sont banales et les acteurs ne sont pas toujours à l'aise dans l'exercice. Comme si tout cela ne suffisait pas, le film se vautre sur sa fin, consensuelle
(avec mariage mixte et enfants métis)
, ridicule
(la raciste n'est plus raciste car elle a passé quelques jours dans la peau d'une noire; jamais les origines du racisme sont décrites et expliquées pour mieux les dénoncer)
. et massacrant toutes formes de respect vis-à-vis de son propos
(quand les personnages saluent le public à la fin, le film décrédibilise son message initial contre le racisme)
. Côté casting, Valérie Lemercier n'est pas aidée par son maquillage affreux, elle parvient rarement à susciter le rire, étant trop sage au début et faussement libérée ensuite. La distribution secondaire est relativement fantomatique, que ce soit le bizarrement coincé Anthony Kavanagh, la trop muselée Isabelle Nanty ou bien le pauvre Jean Rochefort, raide comme c'est pas possible. Seuls les parents d'Agathe relèvent le niveau, tant de par leur jeu que pour les petites situations amusantes. Enfin, la réalisation de Chatillez est sans génie et sans rythme, pour celui qui a clairement perdu la main (voir aussi l'horreur "L'oncle Charles") depuis les années 90 où il ne faisait que des succès.