Les Pleins pouvoirs est un thriller typiquement années 90. Il y a eu pas mal de films de ce genre autour de la Maison Blanche, du pouvoir américain emporté dans une affaire trouble, souvent de fesses. C’est pas toujours ce qu’il y a de plus crédible, et je dois avouer que le scénario est peut-être ce qui tient le moins bien dans ce métrage. Le point de départ est déjà un peu surprenant, mais passons, pourquoi pas ? Après le métrage va dérouler une histoire plutôt efficace, mais pas exempte, là aussi, de certaines facilités (en vrai le héros postait le poi*** aux flics avec une lettre explicative, et l’affaire était réglée !). On sent que le film marche quand même sur des œufs pour tenir debout, et la fin, abrupte qui arrive sans prévenir décevra sûrement. Heureusement, le film arrive quand même à avoir un rythme appréciable, les touches d’humour sont bienvenues et surtout les personnages ont un vrai relief et apportent de l’épaisseur au film. Clint Eastwood est un voleur tiraillé par son sens de l’honneur aussi, il est un mauvais père sans l’être complètement, bref, il a des défauts mais des qualités également. De même, le flic incarné par Ed Harris, qui aurait pu être un personnage rébarbatif, obtu, est en réalité beaucoup plus complexe et subtil. Le couple formé par Walter Sullivan avec sa femme aurait pu également viré au cliché lourdaud (le vieux riche et sa pin up), mais non, le personnage de Sullivan est touchant dans son amour sincère quoique bancal avec sa femme. Enfin, Gene Hackman incarne un président lâche, détestable assurément, mais qui, finalement, n’est pas non plus vraiment un assassin. Aussi, tous ces personnages qui auraient pu tomber dans la caricature grossière sont tous bien plus subtils qu’on pouvait l’attendre, et ils parviennent à soutenir un scénario qui, comme je le disais, n’est pas complètement convaincant.
Formellement, la mise en scène d’Eastwood fait toujours preuve d’une grande sobriété, sa marque de fabrique. La scène du meurtre en est un bon exemple, c’est fait avec un dépouillement quasiment complet qui pourra d’ailleurs surprendre un peu. Pour ma part ça ne m’a pas dérangé, mais c’est vrai que ce n’est pas le film le plus flamboyant qui soit côté réalisation. Pour le reste, les décors sont convaincants (notamment pour la scène d’ouverture), la musique de bonne tenue, les scènes d’action sont rares mais plutôt honorables. Le film est un thriller assez académique sur tous les plans, mais très propre.
En conclusion, Les Pleins pouvoirs reste à mon sens un métrage mineur de la filmo d’Eastwood. Adapté d’un auteur prolifique du genre, c’est un film vraiment typique de son époque et d’une certaine mode, qui paraît aujourd’hui un peu vintage, facile et pas très crédible. Maintenant, on passe quand même un bon moment, grâce à des acteurs très à l’aise dans des rôles de qualité et à une imagerie élégante quoique classique. 3