Cette petite production à au moins un mérite certain, celui de faire éclater le talent dramatique de Marina Foïs, l'ancienne trublionne de la troupe déjantée des Robins des Bois. Véritablement habité par ce personnage au destin tragique hors du commun mais (malheureusement) bien réel, elle accouche d'une interprétation juste et bouleversante, sans jamais surjouer, ce qui aurait pû être dur pour une actrice venant de la comédie absurde, dans un rôle difficile. Elle est brillante, étant l'attraction n°1 de ce film dramatique, astucieusement mis en scène comme une comédie noire et cynique, dû au caractère effronté de l'héroïne et à l'aisance malicieuse qu'a Marina Foïs dans le comique, l'ironique, le décalé. Le portrait de la vie sordide et triste de cette femme courageuse et naïve, qui ne baisse jamais les bras et reste toujours optimiste, n'en est que plus beau, plus sincère. Car c'est là l'un des autres atouts de ce long-métrage, de ne pas en rajouter, de ne pas tricher avec les sentiments, en faisant de cette histoire sombre, une vitrine pour y attirer le spectateur à grand coup de bons sentiments larmoyants. Ici, même les conventions "traditionnelles" du cinéma héxagonal en prennent un coup. On peut quelque peu regretter les petites faiblesses du scénario, qui apparaissent surtout au milieu du film, et qui sont à deux doigts de jouer un mauvais tour au rythme du récit, mais sans aucune gravité au final, ainsi qu'une réalisation parfois trop simpliste, défois un peu "spectatrice". Mais c'est peut-être aussi afin d'éviter le côté voyeur, et de montrer tout cela froidement, sans prendre de gants. Car la mentalité du film, et on ne peut le lui reprocher, est de coller au plus près de ce qu'est Darling elle-même. Alors lui aussi est souvent naïf et instinctif, simple et poètique, et traite avec intelligence et pudeur ce drame social, pas comme un film psycho-socialo-intello qui aurait pu se la péter, faire dans la surenchère. Un beau film malgré une histoire déchirante