Catherine, alias Darling, alias Tartine, est une femme naïve mais profondément humaine. Née dans une ferme où ses parents l'occupent dès son plus jeune âge aux activités de 'paysante', dixit elle-même, et où elle subit les colères d'un père détraqué et d'une mère odieuse, la Darling va grandir, se marier et continuer à s'enfoncer : femme battue par un mari pire que son père - dont elle s'éloigne progressivement -, occupée lamentablement à éduquer trois enfants que son macho d'homme ignore au profit d'une blonde canonique dont il n'hésite pas à faire l'amour quasiment devant ses yeux, divorce qui tourne mal, maladies qui la ronge (partie non-filmée de son histoire), le personnage n'est pourtant pas une femme-courage. Il n'y a aucune détermination physique qui pourrait la rattacher à une certaine forme de dignité où de combat : donc, absence de fausse admiration et de complaisance de la réalisatrice. Malgré tout, ce n'est point de l'abaissement qui l'envahit, juste une injustice exacerbée, que Marina Foïs, l'interprète, rend sans fioritures, et un désir. Désir de revoir ses enfants, de passer les tendres moments d'une mère entourée qui a perdu le temps de les aimer et de s'occuper d'eux (la séquence finale est d'une beauté à couper le souffle tant le bonheur du personnage est transmis à son paroxysme et avec vérité au spectateur). Ce personnage, rongé par la violence des autres et les conséquences catastrophiques qui s'en suivent, est interprété par une Marina Foïs que l'on ne connaissait pas comme cela, empreinte de désastre et de mélancolie. Une nomination à la prochaine cérémonie des Césars ne serait pas étonnante, tant l'actrice dégage une force poignante de cette femme aux enfers. Pourtant, même si les ingrédients sont là, on ne peut s'empêcher de ne pas apprécier le film tant son goût est amer ; il y a tellement de chagrin, d'injustice et de violence dans "Darling" (le film tout comme le personnage), qu'un malaise désagréable se produit, sans s'interrompre. Des