Vous avez vu la bande-annonce ? Vous avez vu le film. L'unique propos du réalisateur est de filmer le caractère industriel, donc déshumanisé, forcément déshumanisé, de l'agriculture moderne. Et, contrairement à ce que j'ai lu, y compris sous la plume de critiques professionnels, pas du tout de façon neutre, pas pour "montrer". Les réactions des belles âmes qui ont mis quatre étoiles le montrent: le but est de dénoncer, de choquer, de comment-a-t-on-pu-en-arriver-là-c'est-inadmissible-il-faut-faire-quelque-chose-iser. Ce qui, quand on voit la pauvreté de contenu de certains plans (le ramassage des concombres, celui des tomates...) et le côté répétitif du film (on a compris tout ce qu'il y a à comprendre au bout de trois minutes), semble bien prétentieux. Les séquences sanguinolentes, montées comme si elles étaient le "clou" du spectacle, frappent un peu plus. Mais ce qui demeure avant tout, c'est le caractère extrêmement faux-cul de la démarche. Eh oui, dans nos sociétés, l'agriculture est devenue une industrie, pourvoyeuse de jobs chiants ou salissants, comme toute industrie de main d'oeuvre - et c'est pour ça qu'elle parvient à nourrir des milliards d'individus. Bienvenue dans le monde réel! On tue des animaux à la chaîne, ce qui par nature n'est guère différent de ce que faisaient nos ancêtres dans leurs abattoirs artisanaux - c'est un descendant de boucher creusois qui vous le dit. Que nous propose-t-on à la place? Le retour à un "âge d'or" plus "humain" et "proche de la nature"? Chacun sait que c'est une chimère. Depuis qu'il est homme, l'homme a nié la nature - c'est sa façon de se construire, dixit Hegel, un penseur allemand d'un autre calibre que Geyrhalter. On peut dénoncer les dérives de l'agriculture intensive: les pesticides, les hormones, la mauvaise qualité, etc. Mais le film ne fait pas cela. Il vise uniquement à donner mauvaise conscience à un public naïf avec un seul pseudo-argument, discutable de surcroît. Je ne marche pas.