Je voulais voir ce film depuis longtemps, et puis les aléas des visionnages ne m’avait finalement jamais amené à m’attaquer à ce métrage très connu de Ken Russell, peut-être l’un de ses plus connus, et qui s’avère être une grande réussite.
Le film a certes un côté redondant parfois assez pesant. C’est l’idée scénaristique de base qui veut cela, le film tend à se répéter, et malgré les efforts du réalisateur pour varier les entre-deux expériences, ça reste un schéma circulaire pas toujours attrayant. A noter aussi que le final, quoique spectaculaire et indéniablement pas ridicule, déçoit cependant un peu. Le montage d’images microscopiques par exemple m’a paru assez peu explicite et un peu facile aussi, tandis que la sortie laisse relativement sur sa fin, en dépit des interprétations, pas inintéressantes que l’on peut se poser.
Finalement on pourrait se dire que Au-delà du réel n’est pas terrible, mais en fait il y a plein d’autres qualités qui séduisent. Le travail formel de Ken Russell, en dehors de ses quelques scories finales est très réussi, avec de bons décors, une mise en scène brillante, et surtout un très gros travail sur les effets visuels qui, en vieillissant gagne en plus un grain attrayant. Ces derniers ne sont en effet pas en quête de réalisme, comme souvent dans les fx, mais cherchent à nous transporter vers de l’irréel ou de l’impalpable justement, et du coup les fx avec l’âge gagne en vigueur de ce côté-là.
Visuellement réussi, je saluerai aussi la solide bande son, et j’en viendrai donc à l’histoire. Bien sûr la narration est linéaire, la fin un peu abrupte, mais il n’en reste pas moins que l’idée est très originale, qu’elle est développée avec profondeur par le réalisateur, et qu’en plus on est dans un film éclectique. Certains réalisateurs seraient partie sur de l’horreur pure et dure, comme Gordon ou Cronenberg, pourquoi pas, d’autres aurait pris un chemin très scientifique, très cartésien avec un grand dépouillement formel et pas mal d’expérimental (je ne sais pas pourquoi mais là j’aurai bien vu un réalisateur français !), et Ken Russell lui choisit une voie plus intermédiaire. Son film est à la fois effrayant, sans être sanglant cependant, scientifiquement intéressant, et, en plus, il y a de l’humour. Tout cela fait qu’au final Au-delà du réel se suit avec plaisir, en dépit d’un scénario qui aurait mérité d’être moins cyclique.
L’interprétation pour finir est de qualité. William Hurt est peut-être un peu inexpressif, il a un côté froid relativement monolithique parfois, mais ça reste un acteur de talent, et surtout il est bien entouré. Blair Brown surprend agréablement, Charles Haid est très bon et Bob Balaban campe un personnage assez attendu avec beaucoup de tact. Au final on se retrouve avec des personnages vraiment plaisants, et qui ont le mérite aussi de ne pas être de gros clichés non évolutif. On sent les hésitations de la femme du héros, on sent l’ami rationnel qui aime son collègue tout en voulant l’empêcher de poursuivre des chimères… bref, on sent que ça vie.
Au bout du compte Au-delà du réel est un agréable moment à passer, original et audacieux. C’est du travail propre signé d’un réalisateur reconnu pour son application et son sérieux, et je donne un 4 mérité.