(….) Sous ses dehors de série B naive, folle et déglinguée, Au-delà du réel est une oeuvre qui bat sans relâche, philosophiquement abondante [jusqu'à la pensée ''matérialiste'' de l'épouse de Jessup – on peut trouver les dialogues ampoulés, cela n'est pas à exclure selon sa sensibilité, mais ils ne sont jamais de trop et sont les premiers contributaires de la toile introspective de l'ensemble] ; le film peut sembler extrêmement fumiste, il l'est probablement dans sa nature. C'est du cinéma psychédélique au sens ''littéral'' et ''moderne'' et il s'inscrit dans cette mouvance très 70's [The Trip, etc.], ou certains auteurs se sont servis de l'écrin cinématographique pour projeter leur visions mentales, peut-être leurs scènes originelles, parfois se sont consacrés par là à une thérapie. Il y a le trip visuel dans Au-delà du réel, halluciné au sens premier, qui fait songer à une sorte de 2001 cheap, riche et à l'imaginaire libéré [séquences kaléidoscopiques et surréalistes] ; les effets spéciaux sont un bonus, pas si désuet trois décennies après, tant les délires sont monstrueux, et les monstres délirants. Cet aspect n'est pas [''que''] ludique, gratuit, il trouve sa place en tant que complément -et c'est une posture juste, la plus cohérente- : tout ce que dit Au-delà du réel est tangible ; non seulement il trouve écho en nous, pourra plaire [pas besoin d'avoir lu Kant pour les nuls, en tout cas pour saisir les enjeux – prétendre l'inverse est sans doute un peu hypocrite], mais est très solide dans sa démonstration, pleine, somme toute assez carrée, mais encore ouverte.
(….)