Un film drôle,profond, émouvant et humaniste, alliant avec dextérité et une grande maîtrise cinématographique,légèreté et gravité, joie et tristesse, un film comme on aimerait en voir plus souvent !!
Invité à l’avant-première au Gaumont je me demandais au départ en quoi ce film allait bien pouvoir me concerner, m’interpeller ou m'émouvoir, compte tenu du thème a priori abordé : l’immigration,l’intégration, les racines, n’étant pas moi-même fils d’immigré … ;-)
Et pourtant on se laisse prendre aussitôt par l’histoire et, si tant soit peu on a un cœur, on ne peut que s'émouvoir pour cette famille d’immigrés portugais, les Ribeiro, interprétés par Rita Blanco et Joaquim de Almeida : la mère Maria, concierge dans un bel immeuble haussmannien dans un beau quartier de Paris, qu ia su se rendre indispensable auprès du syndic de copropriété (qui l’exploite depuis30 ans en fait, et dont la chef de file est l’inquiétante et hautaine Mme Reichert interprétée par Nicole Croisille !), ... et le père José, maçon,chef de chantier, adulé par son patron pour qui là aussi il est devenu indispensable, son savoir-faire servant notamment d’argument de vente pour la signature de nouveau contrats.
Les Ribeiro vivent avec leur petite famille (la fille et leur garçon) dans la petite loge du rez-de-chaussée, la fameuse « cage dorée » … prisonniers en quelque sorte de leur dévotion et de leur générosité (« trop bons - trop cons »),esclaves des temps modernes.
Vont-ils continuer à jouer ce jeu-là toute leur vie, ou se rebeller, montrer qu'ils existent et penser enfin à eux, en acceptant un héritage familial tombé du ciel qui leur tend les bras, à condition qu'ils acceptent l’idée de retourner au pays ... un vrai choix cornélien, car au fond d’eux-mêmes, ils se sentent aussi français.
Bien d’autres valeurs sont abordées dans le film :les relations humaines, les conflits intergénérationnels et le sens même de la vie ...
Le mariage inter classes sociales est également abordé : classe ouvrière pour les Ribeiro et petit patronat pour le patron de José, Francis Caillaux et sa femme Solange (interprétés par l’excellent Roland Giraud et Chantal Lauby, très naturelle en bourgeoise un peu à l’ouest, dont le garçon Charles (le beau Lannick Gautry) bras droit de son père , veut épouser la fille des Ribeiro, Paula(Barbara Cabrita, enfin sortie, pour notre plus grand plaisir de RIS police scientifique),
Le film,ne se veut pas pour autant communautariste; évidemment on traite ici de ces immigrés qui ont su s’intégrer, trop bien sans doute, et qui se trouvent déchirés entre leurs racines et la France terre d’adoption, ou il se sentent comme chez eux, comme dans une nouvelle famille, entourés d’amis (sincères ou non d’ailleurs) ; nombre d’italiens ou polonais notamment s'y retrouverons sans doute ... mais pas les communautés qui de toute évidence refusent encore aujourd'hui de s’intégrer,se rattachant à certaines idéologies intégristes (à qui ce film pourrait d'ailleurs servir de leçon, ou d'exemple).
Ce film, du réalisateur franco-portugais Ruben Alves, dont c’est ici le premier long métrage, est une vraie bouffée de fraîcheur, d’air pur et de bons sentiments; loin de la superficialité ambiante, c’est une vraie leçon de vie que l’on se prend là en pleine figure, un retour à la vraie vie, aux vraies valeurs et l’on peut être amené à se remette en cause soi-même à la sortie de la séance.
Un film bien utile aussi pour ouvrir les yeux de certains, en ces temps où l’individualisme semble être maître roi...
Les acteurs(des pointures tous d’origine portugaises pour les rôles portugais) sont géniaux et criant de vérité, jouant avec nos émotions, tantôt graves tantôt désopilantes; rien à dire non plus sur la réalisation, on ne s’ennuie pas une seconde ... un vrai petit bijou, ce film !...
J’ai même vu des gens (pourtant ravis), pleurer à la sortie du film ... sans doute s’étaient-ils retrouvés quelque part dans l’un des personnages …trop d’émotions d’un coup.
Donc, en résumé, La Cage Dorée, film tout public, est à voir absolument !!! … et une petite citation du film pour terminer : « c’est ça que c’est bon » !(et en plus ça donne faim … car la réputation de la cuisine portugaise n’est plus à faire)